de la maladie ; mais s’il la connaissait, sa physionomie prenait une tout autre expression et il ne faisait pas difficulté de dire ce qu’on devait en attendre. Ses prévisions étaient presque toujours justifiées par les résultats de la science.
Il était d’une taille peu élevée et présentait assez d’embonpoint ; mais sa physionomie, dont les traits étaient fort réguliers et fort mobiles, offrait le tableau le plus animé : sa pensée ne devait pas être annoncée par la parole, pour être facilement comprise ; et, quelle que fût sa conception, on était presque toujours sûr qu’elle était accompagnée par une extrême bonté naturelle qui était appréciée de tous, et qui lui a fait des amis de ceux qui ont eu le bonheur de le connaître.
Baud joignait à sa bonté et à son savoir un tel désintéressement qu’après la révolution de 1830, quand l’Université de Louvain, créée par l’État, fut supprimée, il songea à se retirer sans faire seulement valoir ses anciens services ; l’Université catholique lui ayant demandé alors de reprendre son enseignement, il répondit avec franchise que sa manière de voir ne correspondrait peut-être pas aux doctrines d’une université catholique. On ne fit pas difficulté de s’en rapporter à ses sentiments d’honnête, qui furent du reste parfaitement justifiés. Baud eut la générosité de donner aux malheureux, pendant les quinze dernières années de sa vie, les 3,000 francs de pension annuelle que le gouvernement lui avait laissés.
En 1832, au plus fort des ravages du choléra asiatique, il obtint du gouvernement d’aller visiter les hôpitaux de Londres et de Paris, et d’étudier le fléau dans les endroits où il exerçait le plus de ravages. Sans tirer la moindre vanité de sa fermeté de caractère, il n’était pas plus intimidé par les plus cruels fléaux de la maladie qu’il ne l’avait été jadis par les effets de la mitraille au milieu d’un combat. A son retour, le gouvernement lui fit remettre une médaille d’or, en récompense de ses services, et la croix de chevalier, en faisant insérer dans le brevet de cette distinction les mots suivants. « Considérant que le docteur Baud s’est offert, le premier entre tous les médecins belges, pour aller observer le choléra, à ses propres frais, à Londres et ensuite à Paris, etc. »
Baud était estimé, comme il méritait de l’être, non-seulement par ses confrères et par les savants étrangers, au nombre desquels il comptait plusieurs amis, particulièrement Broussais et Récamier ; mais encore par la population au milieu de laquelle il vivait et qui l’appela, en raison de ses sympathies, à remplir les fonctions de conseiller communal depuis le 21 août 1835 jusqu’au 30 octobre 1843, époque à laquelle il donna sa démission.
Sa profonde modestie ne lui à guère permis d’écrire des ouvrages auxquels la science aurait eu à gagner ; il ne prenait la plume que pour satisfaire aux fonctions qu’exigeait sa place ou, quand il le fallait, par suite de sa position dans le corps universitaire. On a de lui quelques ouvrages peu étendus, mais remarquables par les observations sagement coordonnées et toujours présentées avec autant de savoir que d’élégance.
Lorsque, le 31 juillet 1821, il fut installé comme professeur ordinaire de la faculté de médecine, Baud, pour satisfaire aux usages reçus, donna lecture d’un mémoire remarquable, contenant l’éloge de Réga, l’un des professeurs les plus célèbres de l’ancienne Université de Louvain. Il établit avec une distinction tout à fait remarquable le mérite du savant dont il faisait l’éloge, et s’attacha à prouver que sa doctrine était à peu près celle que Broussais faisait valoir vers le commencement de ce siècle. Son discours était intitulé : Joannis M. Baud, med. et chir. doct. oratio inauguralis de laudibus quibus efferri potest memoria H.-J. Regæ, quondam in Univ. Lovaniensi professoris primarii. (Vol. IV des Annales de l’Université de Louvain.)
On trouve encore dans ses papiers les trois écrits suivants, dont le premier, paraît-il, fut imprimé pendant sa jeunesse : 1° Description d’une machine à distiller l’eau de mer (l’entête est signé Baud, docteur en médecine, chirurgien de première classe de la marine, 1804 ?) ;