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dacteur, et sa correspondance liégeoise exaspéra ses adversaires. Dans la position qu’il avait prise, il fit preuve d’une inébranlable fermeté, et sa Note aux citoyens, publiée le 17 août, fut le tocsin de l’insurrection qui éclata le lendemain.

Hoensbroech finit par accéder aux vœux de la population liégeoise ; et quand, peu de jours après, il se fut enfui de son château de Seraing, pour provoquer de la chambre impériale une sentence contre la révolution, les patriotes furent obligés d’envoyer de nouveau des députés à Wetzlar, pour combattre les intrigues des agents du prince. Bassenge, élu membre du conseil municipal, installé le 18 août, fit partie, avec Chestret et Lesoinne, de la députation au nom du tiers état. Les démarches de cette députation n’ayant pas réussi, et Hoensbroech persistant à réclamer une intervention armée, on confia à Bassenge le soin de rédiger une réponse au déhortatoire des commissaires préposés à l’exécution des sentences de la chambre impériale. Il fut ensuite, toujours avec Chestret, envoyé à Berlin pour déterminer le caractère de l’intervention du cabinet prussien, qui venait de prendre possession de Liége, en qualité de médiateur. Plus tard encore, lorsque les soldats de Frédéric-Guillaume II eurent quitté le pays et qu’il fallut se préparer à résister aux autres princes exécuteurs, Bassenge fut adjoint à Lesoinne, pour négocier avec le congrès belge l’union des deux révolutions, ou tout au moins pour en obtenir des secours financiers. Ses compatriotes prouvèrent qu’ils appréciaient l’étendue de ses services, en le portant le premier sur la liste des conseillers de la cité élus en juillet 1790.

Un mois après, les Liégeois furent invités à envoyer des députés à Francfort, où devait se réunir la conférence des électeurs de l’Empire pour délibérer sur leur conflit avec Hoensbroech, et Bassenge y fut envoyé avec Lesoinne, au nom de la cité ; le comte Charles de Geloes y représentait le chapitre, le comte de Berlaymont de la Chapelle l’état noble, et Chestret le tiers état. Les efforts de cette députation échouèrent devant le revirement de la Prusse, après la chute de Herzberg, et Bassenge fut renvoyé avec Chestret à Berlin, pour empêcher le honteux abandon qui se préparait. Leurs sollicitations furent inutiles : la Prusse s’était réconciliée avec l’Autriche, et Bassenge, parti de Berlin, alla rejoindre, à Wesel, son vieil ami Fabry, qui déjà avait dû quitter Liège.

La restauration eut lieu sur ces entrefaites, et les patriotes, poursuivis par une réaction impitoyable, n’eurent d’autre ressource que l’exil. Bassenge fut naturellement porté sur la première liste des proscrits ; en compagnie de Fabry dont il ne se sépara point, il se réfugia à Givet, puis à Bouillon. Le gouvernement de Bruxelles avait promis son intervention aux réfugiés, mais tous ses efforts vinrent se briser contre les aveugles rancunes des conseillers de Hoensbroech, et Bassenge, dans son Adresse à l’Empereur (septembre 1791), exposa les raisons qui forçaient les patriotes liégeois à ne plus compter désormais que sur eux-mêmes. Abandonnés par les deux puissances germaniques, qui successivement les avaient leurrés par de trompeuses promesses d’assistance, il ne leur restait d’espoir que du côté de la France, et c’est de ce côté qu’ils se tournèrent.

Il semblait possible de ménager cette intervention sans sacrifier l’indépendance nationale, et cela en unissant, comme on l’avait déjà essayé, le pays de Liége à la Belgique. Tel paraît avoir été le but que poursuivirent les hommes qui poussèrent à l’établissement du comité révolutionnaire des Belges et Liégeois unis (janvier 1792). Mais les opinions extrêmes ne tardèrent pas à prévaloir, et Bassenge, qui était arrivé avec Lesoinne et Hyacinthe Fabry, pour y représenter le parti modéré, fut obligé de se retirer avec ses amis, après avoir assisté à deux séances. Bientôt survint la déclaration de guerre à l’Autriche (avril). Après deux tentatives infructueuses pour pénétrer en Belgique, les Français, sous le commandement de Dumouriez, gagnèrent la bataille de Jemmapes (6 novembre), que suivit la conquête de notre pays. Dès qu’ils eurent pris possession de Liége,