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à pied, un bâton de chêne à la main, et, allant de couvent en couvent, il franchissait avec un courage inébranlable la distance de plus de deux cents lieues qui séparait Buremonde des montagnes du Dauphiné. Dorlandus, dans son Chronicon cartusiense, nous apprend que tous les pères du chapitre général le recevaient « comme un ange de Dieu, » et que ses avis exerçaient une influence souveraine sur toutes leurs décisions. Son zèle, sa piété, sa science et sa modération étaient universellement reconnus. Il mourut à la chartreuse de Cologne, laissant plusieurs ouvrages qui, à la fin du dernier siècle, étaient encore conservés dans ce monastère. Petræus (Bibliotheca cartusiana) lui attribue les traités suivants : 1° De Passionibus animæ. — 2° De Virtutibus. — 3° De Septem peccatis capitalibus. — 4° De Oratione. — 5° Oratio longa et devota. — 6° Tractatus excitans ad devote celebrandum. — 7° De Excellentiis Divæ Virginis. — 8° De humilitate. — 9° De omnibus Sanctis. — 10° De fraterna correctione. — 11° Instuctio quo pacto religiosus in publicis se habere tractatibus debeat. — 12° Liber collectaneorum ex diversis Sanctorum dictis. — 13° De Auctoritate concilii supra Papam. — 14° Sermones septem de obedientia, dilectione, humilitate, pœnitentia, oratione. — 15° De Laudibus religiosorum, observationeque silentii. — 16° De non esu carnium apud Cistercienses. Paquot, dans ses Mémoires, ajoute à cette liste cinq autres traités, dont voici les titres : 1° De Judiciis temerariis. — 2° De Juramento et voto. — 3° Dialogus de consolatione novitiorum. — 4° De proclamationibus capitularibus. — 5° Opusculum de modo ordinandi animam.

J.-J. Thonissen.

Dorlandus, Chronicon cartusiense. — Petræus, Elucidatio in septem Petri Dorlandi chronici cartusiensis libros. — Petræus, Bibliotheca cartusiana. — Trithemius, Scriptores ecclesiastici. — Possevinus, Apparatus sacer. — Sutorius, De Viris illustr. ordinis cartus. — Paquot, Mémoires. — Sweertius, Athenæ Belgicæ. — Fabricius, Bibliotheca latina mediæ et infimæ ætatis.

BARTHÉLEMY (Antoine), avocat et homme politique, naquit à Namur, en 1766, et mourut, frappé d’apoplexie foudroyante, au château de Franc-Waret (province de Namur), le 10 novembre 1832, à l’âge de soixante-six ans. Après de brillantes études faites à l’Université de Louvain, il fut reçu, en 1787, avocat au conseil souverain de Brabant. Ses facultés éminentes le firent bientôt remarquer et le placèrent aux premiers rangs parmi ses confrères, dont le nombre s’élevait au chiffre respectable de quatre cent quarante. Quelques années après, en 1794, à peine âgé de vingt-huit ans, Barthélemy devint échevin de la ville de Bruxelles et prit dès lors une part active à l’administration de cette ville à laquelle il rendit d’immenses services. Au moment où Barthélemy fut élevé à ces fonctions les circonstances étaient difficiles : la Belgique traversait une époque désastreuse. Envahie pour la seconde fois par les armées françaises, après la bataille de Fleurus, elle fut traitée en pays conquis et mise en quelque sorte au pillage. Bruxelles, comme les autres villes du pays, dut subir le maximum, la circulation forcée des assignats, les réquisitions de toute nature. Barthélemy se montra à la hauteur des circonstances, et résista autant qu’il était en son pouvoir à ces mesures illégales, et, certes, il fallait du courage pour tenir tête aux représentants du peuple. L’histoire nous a conservé le souvenir de la manière héroïque avec laquelle, au péril de sa vie, Barthélemy parvint à éviter une contribution de cinq millions mise sur la ville de Bruxelles. Le fait est trop honorable pour ne pas être rapporté.

Une première contribution de cinq millions avait été payée par la ville et le payement en avait été exigé avec une rigueur odieuse. Les représentants du peuple, abusant de leur pouvoir suprême, décrétèrent une nouvelle contribution de cinq millions. Le magistrat de Bruxelles refusa de publier et d’exécuter cet arrêté.