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rain bailli de la ville et province de Namur ; le 15 mars 1682, il le décora de la Toison d’or[1], dont le collier lui fut remis, le 8 octobre suivant, à Ruremonde, par le prince de Nassau, gouverneur de Gueldre, doyen de l’ordre aux Pays-Bas[2] ; enfin il l’éleva, en 1687, au grade de mestre de camp général de ses armées[3].

Nous avons dit, dans la notice consacrée au marquis de Gastañaga (don Francisco-Antonio de Agurto), comment Louis XIV, sans égard pour la trêve qu’il avait conclue à Ratisbonne, recommença les hostilités contre les Pays-Bas en 1689, et comment il s’empara de Mons en 1691[4]. L’année suivante, il résolut d’assiéger Namur, la plus forte place qui restât à l’Espagne dans ces provinces ; il l’investit, le 25 mai 1692, avec une armée de quarante bataillons et quatre vingt-dix escadrons (trente-deux mille hommes) qu’il conduisait en personne, tandis que le maréchal de Luxembourg, à la tête de soixante-six bataillons et de deux cent neuf escadrons[5], tenait la campagne et couvrait les opérations du siége. Le prince de Barbançon, en sa qualité de gouverneur, commandait dans la place. La garnison n’était pas de neuf mille hommes, comme le disent les historiens français[6] : la ville et l’ancien château étaient défendus par les trois régiments d’infanterie espagnole du sergent général de bataille don Juan Francisco Manrique, de don Gaspar de Zúñiga et de don Gaspar de Rocafulle, offrant un effectif total de mille hommes ; par les quatre régiments d’infanterie wallone du sergent général de bataille comte de Thiant, du comte de Mouscron, du comte de Fallaix, du comte de Grobbendoncq, et la compagnie libre du lieutenant du château Rondeau, faisant ensemble six cents hommes ; par deux régiments de Brandebourg comprenant mille hommes, trois régiments d’infanterie hollandaise qui en comptaient quinze cents, et deux cents hommes de cavalerie du régiment du mestre de camp Wodemont, de la compagnie libre du capitaine Petit et de la compagnie de dragons du sergent-major Ferrara[7]. Il y avait, dans le fort Guillaume, nouvellement érigé par le colonel Coehoorn et dont la défense avait été confiée à lui-même, six régiments d’infanterie hollandaise[8]. Le document officiel auquel nous avons emprunté les chiffres qu’on vient de lire ne fait pas connaître la force de ces régiments ; mais on peut admettre qu’elle n’excédait pas deux mille cinq cents à trois mille hommes. Ce serait donc de sept mille hommes au plus que la garnison aurait été composée.

Les Français ouvrirent la tranchée dans la nuit du 29 au 30 mai. Le 5 juin, la ville demanda à capituler ; après quelques pourparlers, Louis XIV accorda : que les bourgeois seraient maintenus dans leurs priviléges ; que la garnison aurait quarante-huit heures pour se retirer dans le château, et que, pendant ce temps, il y aurait cessation d’armes ; que les assiégeants n’attaqueraient pas le château du côté de la ville, et que ceux du château ne tireraient pas du même côté. Les efforts des Français furent, dès le 7, dirigés à la fois contre le château et contre le fort Guillaume. Le 22 juin au soir, ils donnèrent l’assaut au fort avec tant de vigueur que Coehoorn, blessé dans cette action, fit battre la chamade. Il sortit le lendemain avec les honneurs de la guerre ; il lui restait environ quatre-vingts officiers et douze cents soldats, qui furent conduits à Gand, par un très-long détour, car ils durent prendre le chemin de Dînant, Charlemont, Rocroi, Avesnes, Landrecies, le Quesnoy, Valenciennes, Tournai et Courtrai[9]

  1. Historia de la Orden del Toison de oro, par don Julian de Pinedo γ Salazar, t. I, p. 421.
  2. Relations véritables, année 1682, p. 652.
  3. Ibid., année 1687, p. 152.
  4. Biogr. nat., pp. 132-133.
  5. C’est le chiffre que donne Sismondi, Histoire des Français, t. XVIII, p. 172 (édit. de la Société typographique belge). D’après la Gazette de France, année 1692, p. 252, le maréchal de Luxembourg n’aurait eu que soixante-six bataillons et cent quatre-vingt-onze escadrons.
  6. Sismondi, l. c.
  7. Lettre de l’électeur de Bavière à Charles II, du 17 juillet 1692. (Archives du royaume).
  8. Ibid.
  9. Gazette de France, année 1692, pp. 273, 285-287, 298-299, 309-311. — Mercure historique et politique, t. XII, p. 657 ; t. XIII, p. 108-109.