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ayant obtenu des archiducs Albert et Isabelle l’érection en principauté de sa terre de Barbançon, le 8 février précédent[1]. Il était capitaine des archers de la garde de ces princes, chef d’une compagnie de trente hommes d’armes et colonel d’un régiment de cavalerie allemande[2].

Albert de Ligne débuta de bonne heure dans la carrière des armes ; il comptait dix-huit ans à peine, lorsqu’il quitta sa patrie pour aller servir sous Bucquoy, en Bohème. Il fit, dans l’armée envoyée par Philippe III et les archiducs au secours de Ferdinand II, deux campagnes pendant lesquelles il se trouva aux assauts de plusieurs places ; il assista aussi au furieux et sanglant combat à la suite duquel Bucquoy, qui gardait la tête du pont du Danube devant Vienne, fut forcé de se retirer[3]. Revenu aux Pays-Bas, sur le désir que lui en exprima l’archiduc Albert, il fut nommé par ce prince capitaine d’une compagnie de deux cents cuirassiers[4], destinée à faire partie de l’armée du Palatinat qu’Ambroise Spinola commandait en chef. Les hostilités entre l’Espagne et les Provinces-Unies, interrompues par la trêve de douze ans, allaient recommencer : l’archiduc, sur la recommandation de Spinola, donna à Albert de Ligne la charge de cinq cents chevaux[5], à la tête desquels il prit part au siége et à la conquête de Juliers. En 1622, l’infante Isabelle, devenue veuve, ajouta au commandement qu’il avait déjà celui d’un régiment de quinze compagnies d’infanterie liégeoise[6]. L’année suivante, elle plaça sous ses ordres un corps de six mille hommes d’infanterie et de douze cents chevaux, avec dix pièces de canon, pour opérer en Westphalie. Plus tard, le siége de Bréda ayant été résolu, il se vit désigné parmi ceux qui devaient concourir à cette importante entreprise[7]. Dans la campagne de 1625, il fut fait chef et général de toutes les compagnies d’ordonnance[8] ; il était, depuis le 10 mars 1614, capitaine de celle qu’avait commandée son père[9]. Philippe IV, voulant récompenser ses services, le créa, le 19 juin 1627, chevalier de la Toison d’or : il reçut le collier des mains du duc d’Arschot, en la chapelle royale de Bruxelles, le 18 juin 1628[10].

Charles-Emmanuel, duc de Savoie, menacé à cette époque par la France, fit demander du secours au roi d’Espagne. Ce monarque résolut de lui envoyer un régiment d’infanterie que le prince de Barbançon lèverait en Allemagne, avec quatre cents chevaux qui seraient enrôlés au comté de Bourgogne[11]. Pour faire ces levées, il fallait de l’argent, et le trésor des Pays-Bas était vide ; Albert de Ligne prit à sa charge les frais qu’entraîna la formation de son régiment[12]. Ce corps était prêt à se mettre en route pour sa destination, lorsque l’infante Isabelle reçut la nouvelle que le duc de Savoie s’était arrangé avec Louis XIII. Des avis lui arrivaient coup sur coup, dans le même temps, que les Hollandais avaient le dessein de se rendre maîtres de Bois-le-Duc : elle ordonna au prince de Barbançon de faire descendre le Rhin à son régiment, qui était au Palatinat[13]. Bois-le-Duc ayant, en effet, été investi par Frédéric-Henri de Nassau, elle lui confia le commandement d’un corps d’observation qui fut placé à Genappe[14].

Par des raisons qui ne nous sont pas connues, Albert de Ligne se vit retirer ce commandement ; il en fut vivement blessé, et son mécontentement s’exhala en paroles amères contre les ministres

  1. Archives du royaume.
  2. Ibid.
  3. Requête présentée par le prince à Philippe IV, en 1648.
  4. Patentes du 24 mai 1620, aux Archives du royaume.
  5. Patentes du 8 mars 1621, ibid.
  6. Patentes du 14 février 1622, ibid.
  7. Requête de 1648 ci-dessus citée.
  8. Patentes du 12 février 1625, aux Archives du royaume.
  9. Archives du royaume.
  10. Historia de la órden del Toison de oro, par don Julian Pinedo y Salazar, t. I, p. 345.
  11. Correspondance de l’infante Isabelle avec Philippe IV, année 1629. (Archives du royaume.)
  12. Il reçut en engagement, à titre d’indemnité, le comté de la Roche, dans la province de Luxembourg.
  13. Correspondance de l’infante avec Philippe IV.
  14. Mémoires du comte de Mérode d’Ongnies, publiées par le baron de Reiffenberg, pages 27 et 52.