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Philippe II, à J.-Β. Vrients. La série des planches a été augmentée des portraits d’Albert et d’Isabelle, gravés par Jean Collaert, d’après Otto Venins, et au bas du titre-frontispice a été substituée l’adresse de l’éditeur J.-B. Vrients à celle du graveur Pierre Balthazar, alors probablement décédé.

En 1608 et 1612 se publièrent encore deux éditions françaises des Forestiers et Comtes de Flandre, imprimées à Anvers, par Robert Bruneau, pour le nouvel éditeur, qui ne craignit pas, dans la dédicace, adressée, en 1608, aux archiducs, de s’attribuer l’idée première et la paternité du recueil. « … Comme j’avoy, dit-il, par assistance de M. Pierre Baltens, faict recueillir les images tirées au vif, ornées de leurs habitz de ces temps, les ay faict tailler en rame, accompagnes d’une briefve genealogie, et j’ay prins lhardiesse de les offrir tres humblement a voz Altesses. D’Anvers, le 12 d’aoust 1608. — Joan-Bapt. Vrients. » Déclaration mensongère, puisqu’il finissait à peine son apprentissage, en 1575[1], quand Pierre Balthazar publiait déjà ses Ducs de Brabant et gravait ses Princes de Hollande et ses Comtes de Flandre ; c’est une altération du texte de la dédicace de 1580, au préjudice de la réputation de P. Balthazar. Au revers des portraits d’Albert et d’Isabelle est imprimée une approbation ecclésiastique, du 15 août 1608, et sur la page suivante un privilége, de par les archiducs, donné à Bruxelles, le 1er juin 1601, à J.-B. Vrients. Le poème de Jean Vander Noot est supprimé : naturellement, le poëte y chante les louanges de « l’auteur, Pierre Baltens, scavant, » et non de l’usurpateur posthume de l’un de ses titres artistiques. — L’édition au millésime de 1612 n’était que le fonds restant de celle de 1608, acquis par les successeurs de Christophe Plantin, gravures et texte imprimé. Il n’y a de modifié que le titre et l’adresse : « A Anvers, se vendent en la boutique Plantinienne, MDCXII, » avec l’adjonction des armoiries, assez médiocrement gravées, d’Albert et d’Isabelle, format in-folio. — Toutes les éditions des Forestiers et Comtes de Flandre ont donc été publiées avec les gravures primitives. Le biographe Chr. Kramm s’est trompé en disant que les portraits de 1608 ont été dessinés et publiés par Corneille Martin : cet écrivain n’en a été ni dessinateur, ni graveur, ni éditeur.

Immerseel, dans son dictionnaire biographique de 1842 : De Levens en Werken der hollandsche en vlaamsche schilders, graveurs, etc., ne cite point le peintre-graveur Pierre Balthazar ; il donne, d’après Charles van Mander, une notice sur le peintre paysagiste et de scènes champêtres Pierre Balten, qu’il fait naître à Anvers en 1540, et mourir en 1611. Cet artiste peignait à la détrempe et à l’huile, et était rhétoricien. Il relate son entrée dans la corporation anversoise, mais en omettant l’année de son admission à la franchise professionnelle. Or, Pierre Balthazar, le peintre-graveur, et Pierre Balten, le peintre paysagiste, ne sont qu’un seul et même artiste, comme M. Ad. Siret l’avait déjà supposé. Les notions biographiques d’Immerseel et de Jean Vander Noot, la désignation latine de Petrus Baltenius au manuscrit des archives de Gand, de Pierre Balten dans la dédicace de 1608, et l’appellation de Pierre Balthazar ou Balten, employée indifféremment par Paquot dans ses Mémoires littéraires (article de Corneille Martin), attestent cette identité, complètement corroborée par les inscriptions des Liggeren ou rôles de la gilde de Saint-Luc, d’Anvers. En 1524 fut enregistré Balten Janssone Costere, beeldesnydere, — Balthazar fils de Jean de Coster, sculpteur ; en 1540 : Pierken (Balten) Custodis (de Costere, latinisé), scilder, — Pierre, fils de Balthazar de Coster, peintre ; en 1569 : Peeter Baltens, alias Custodis, deken, — Pierre, fils de Balthazar, alias de

  1. La matricule de la gilde de Saint-Luc mentionne en 1567 : Jean-Baptiste (Vrints), apprenti du graveur Bern. Vande Putte ; en 1575 : Jean-Baptiste Vrints, affranchi, marchand d’objets d’art. Il est qualifié graveur et imprimeur d’images dans les comptes des doyens Ph. Galle et Frans Franck, 1585-1589.