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différend qui avait éclaté entre les moines de Saint-Martin et les chanoines de Notre-Dame, au sujet des dîmes et de la sépulture des étrangers. Un moine avait été rudement battu, et dix-huit serviteurs de l’église de Tournai tués par représailles. Les évêques d’Arras et de Thérouanne furent commis par le pape pour juger de l’affaire, en présence de l’évêque du lieu, de celui de Cambrai, Odon, et de Henri, abbé de Saint-Vaast.

Baldéric tint un synode en 1101. En 1110, il eut l’honneur de poser la première pierre du chœur de la cathédrale de Tournai, construction d’une hardiesse et d’une pureté de lignes admirables, qu’il fallut plus de quatre-vingts ans pour mener à bonne fin. C’est aussi Baldéric qui fonda l’hôpital de Notre-Dame. Ses dernières années furent troublées par de graves démêlés avec les chanoines de Tournai. Ceux-ci députèrent des envoyés à Rome pour obtenir le rétablissement de l’évêché séparé ; Baldéric riposta en lançant l’interdit sur leur église. Mais il mourut avant la décision du pape, laquelle fut favorable à la séparation.

F. Hennebert.

Cousin, Histoire de Tournay. — Lemaitre-d’Anstaing, Histoire de la cathédrale de Tournay. — Pertz, Monumenta historica Germaniæ. — Le Glay, Chronique de Baldéric, préface.

BALDÉRIC I, aussi nommé Baudry et Walderic, évêque de Liége, mort vers 959, était neveu de Regnier au Long Col, comte de Hainaut ; il succéda, dans cet important évêché, à l’infortuné Rathère. Il ne gouverna que trois ans, et l’histoire ne nous a conservé aucun fait remarquable de sa vie. Il ne paraît pas qu’il ait pris part à la guerre qui éclata entre Regnier au Long Col et Brunon de Cologne et qui se termina par l’exil de Regnier.

Eugène Coemans.

Chapeaville, t.I, p. 187. — B.Fisen, Hist. Eccl. Leod., liv. VI, p. 220. — Foullon, Hist. Leod., t. I, pp. 179-181.

BALDÉRIC II, aussi nommé Baldric ou Baudry, quarante-septième évêque de Liége, décédé à Heremandout, le 29 juillet 1017. La mort venait d’enlever à l’Église de Liége le grand Notger, et il semblait difficile de trouver un successeur à un prélat qui avait réuni à un si haut degré les brillantes qualités du prince aux vertus et au savoir d’un évêque accompli ; Baldéric fut trouvé digne de cet honneur, et l’on peut dire à sa gloire que son règne ne fut qu’une continuation de l’administration sage et ferme de Notger. La généalogie de Baldéric est fort obscure et on ne saurait dire avec certitude de qui il descendait. Il résulte cependant de divers diplômes, qu’il était frère de Gislebert, troisième comte de Looz, et proche parent d’Arnould, comte de Valenciennes, et de Lambert le Barbu, comte de Louvain. A l’exemple de Notger, Baldéric s’appliqua constamment à développer la puissance du pays de Liége. Il obtint plusieurs augmentations de territoire de l’empereur Henri II, et reçut de Gérard, évêque de Cambrai, et de son frère Godefroi, la ville et le monastère de Florennes. Il hérita également de son parent Arnould, comte de Valenciennes, un château fort et divers alleux, probablement situés sur la limite de l’ancien comté de Flandre. Gilles d’Orval et tous les historiens qui l’ont suivi, ont cru que cet Arnould était comte de Looz et que ce fut son château et le comté de Looz qu’il légua à l’Église de Liége ; mais ils paraissent s’être trompés (Voir J. Daris, Bulletin de la Société du Limbourg, t. III, p. 37), et on ne sait plus au juste où se trouvait ce domaine.

Le nom de Baldéric se rattache à plasieurs anciens monuments de Liége. Ce fut lui qui consacra, en 1015, en présence de saint Heribert, archevêque de Cologne, la cathédrale de Saint-Lambert et qui bénit, peu de jours après, l’église de Saint-Barthélemy, due à la générosité de Godescalc de Morialmé, prévôt de Saint-Lambert. Ce fut encore lui qui jeta les fondements de Saint-Jacques, cette magnifique église qui, pendant les siècles suivants, devait s’enrichir, avec tant de profusion, de chefs-d’œuvre de tout genre.

Durant un règne d’environ dix ans, Baldéric fut entraîné dans deux guerres ; mais ses armes furent moins heureuses que celles de Notger. Il avait construit, vers l’an 1010, un château fort dans son