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Reichen. Alors il reçut du prince de Cobourg l’ordre de se mettre à la tête du corps d’armée qui avait été assemblé à Liége : il devait protéger le flanc gauche de la grande armée et chasser l’ennemi de Namur. Il exécuta ce programme de point en point : après avoir repoussé les républicains de Huy, il culbuta partout l’ennemi, lui coupa toute communication avec l’armée de Dumouriez et entra dans Namur. Les Français furent poursuivis jusqu’à Charleroi et durent renoncer à la ligne de la Sambre et de la Meuse.

Après ces succès, le comte de Baillet pénétra dans le Hainaut français, s’avança jusqu’à Maubeuge et, par l’habileté de ses manœuvres, parvint à maintenir l’ennemi en échec pendant les opérations de l’armée principale, qui assiégeait Condé et Valenciennes ; enfin il mit le blocus devant Maestricht.

L’année suivante, ayant reçu le commandement des troupes impériales de l’armée austro-hollandaise du prince d’Orange, il attaqua le camp retranché de Landrecies. Malgré la défense opiniâtre des Français, il emporta cette position sous les yeux de l’Empereur et commença le siége de la place, qui fut forcée de capituler au bout de dix jours. Sept mille prisonniers, soixante-dix-huit pièces d’artillerie et des approvisionnements considérables furent les trophées de cette victoire.

Le chef des troupes républicaines crut devoir venger la prise de Landrecies sur les propriétés du vainqueur : il fit incendier le château de Latour. Le comte de Baillet se vengea à son tour, mais plus noblement : il offrit au comte de Kaunitz, qui avait été refoulé de Thuin et de Merbes-le-Château jusqu’à Rouvroy, d’attaquer l’ennemi et il remporta sur l’armée française, qu’il rejeta de l’autre côté de la Sambre, une victoire éclatante qui eut pour conséquence importante de sauver Mons et d’empêcher le général Jourdan de séparer les deux ailes de l’armée impériale. Peu de temps après, il attaqua les Français à Forchies-Lamarche et Fontaine-l’Évêque, les défit et, grâce à ses manœuvres habiles, délivra Charleroi. Mais l’ennemi ayant reçu des renforts, reprit l’offensive et assiégea de nouveau cette place. Le comte de Baillet attaqua les villages d’Oignies et d’Heppignies, força tous les retranchements des républicains, s’y maintint avec opiniâtreté et amena de nouveau la délivrance de Charleroi. Il couvrit ensuite la retraite de l’armée du prince d’Orange : sa vigilance, son activité et son énergie assurèrent le succès de cette opération dangereuse.

Le comte de Baillet reçut ensuite le commandement d’un corps détaché dans les environs de Liége, afin de protéger les convois d’approvisionnements destinés à la forteresse de Luxembourg.

Pendant l’année 1795, il fut investi successivement du commandement d’un corps posté entre le Mein et le Necker, puis de celui de l’armée stationnée sur le Haut-Rhin. Il passa ce fleuve avec quatorze bataillons et quarante escadrons, seconda les opérations du général Clerfayt sur le Pfrim et s’empara de Frankenthal par une de ces résolutions audacieuses qui trouvent leur excuse dans le succès et qui révèlent chez ceux qui les conçoivent une grande énergie de caractère.

Après ce coup hardi, le comte de Baillet défendit héroïquement Frankenthal contre les attaques du général Pichegru, chassa les républicains de la position d’Oggersheim qu’ils occupaient en force, les poursuivit jusqu’à la Queich, occupa Spire et fit lever le siége de Manheim.

Les services éminents du comte de Baillet, pendant la campagne de 1795, furent récompensés par le grade de général d’artillerie et la grand’croix de l’ordre illustre de Marie-Thérèse.

Après avoir remplacé provisoirement le général Wurmser dans le commandement de l’armée du Haut-Rhin, le comte de Baillet fut chargé de couvrir le Lech et le Tyrol avec un corps de vingt bataillons et trente escadrons ; malgré l’infériorité numérique des forces qu’il put opposer à l’armée du général Moreau, sur l’immense frontière du Tyrol au Danube, il parvint à contenir l’ennemi, puis il reprit l’offensive, grâce aux succès que l’archiduc Charles avait remportés à