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time publique, et sa maison devint un centre intellectuel où se réunissaient intimement les célébrités contemporaines, entre autres, Vondel, Hooft, Vossius et Huyghens. Tout à la fois homme d’imagination et de savoir, Van Baerle avait voulu enrichir son intelligence des connaissances les plus dissemblables, et il allia au goût des sciences naturelles de profondes études littéraires. Helléniste très-estimé, il sut aussi prendre place parmi les littérateurs latins des plus élégants, et sa nombreuse correspondance témoigne de la correction avec laquelle il employait la langue de Cicéron[1]. Médecin instruit, géographe, historien, il se fit aussi connaître comme physicien, et publia en 1600, à l’imprimerie plantinienne d’Anvers, un ouvrage rédigé en hollandais et traitant des observations ou expériences magnétiques de la terre. Malgré la supériorité manifestée dans tant de directions différentes, c’est néanmoins comme littérateur, et surtout comme poëte, que ses contemporains l’ont vanté le plus. L’engouement a même été tel sous ce rapport qu’on a comparé ses œuvres à celles des poëtes classiques les plus accomplis. Ses élégies sacrées, ainsi que ses poésies, qui ont été réunies sous le titre de Poemata, furent publiées, dès 1628, à Leyde. Elles le furent une seconde fois, en 1631, et eurent une troisième édition en 1645, à Amsterdam. Les discours latins ou Orationes, dont on vante le style élégant, parurent une première fois en 1643 et la seconde fois en 1652. Il a publié, en outre, diverses traductions en vers latins et quelques poésies flamandes.

Les fatigues, les agitations et l’exaltation naturelle de Van Baerle finirent par déranger ses facultés intellectuelles. A la suite de la maladie qui le saisit au mois de novembre 1647, il se croyait fait de verre et redoutait qu’on approchât de lui de peur d’être mis en pièces. Il expira trois mois après, pendant les premiers jours de l’année 1648, et sans que l’on sache avec certitude s’il mourut d’épuisement ou, comme l’affirment certains biographes, de mort violente, en tombant au fond d’un puits.

Félix Stappaerts.

Moréri, Le Grand Dictionnaire historique, éd. 1re. — M. V. Gaillard, Mémoire couronné : De l’Influence exercée par la Belgique sur les Provinces-Unies. — Ad. Quetelet, Histoire des sciences math. et physiq. chez les Belges.

BAERLE (Jean VAN), écrivain ecclésiastique, né à Baerle, mort en 1539. Voir Jean van Baerle.

BAERLE (Melchior VAN), poëte latin, plus connu sous le nom de Barlæus, né à Anvers vers l’année 1540, était fils de Lambert van Baerle, archiviste de cette ville. Le poëte Gaspar van Baerle, était son neveu, et non pas son frère, comme l’ont prétendu à tort Valère André, Foppens, Moréri et Sax. En effet, celui-ci était le fils de Gaspar, frère aîné de Melchior, qui succéda à son père comme archiviste. Dès sa jeunesse, Melchior manifesta un talent extraordinaire pour la poésie latine ; aussi ce fut dans son jeune âge qu’il composa la plupart de ses poëmes. On ne connaît aucun détail sur sa vie, et on ignore complétement la date de sa mort. Sa devise était : Rara juvant.

Voici la liste de ses ouvrages :

De Vetustissima Brabanticæ gentis origine siue Brabantiados libri V. Eivsdem vrbis Antuerpiæ encomivm. Antverpiæ, 1562, typis Æg. Diestemij ; vol. in-8o, non chiffré, portant les signatures A — Liiij. — Barlandus, dans son Chronicon Ducum Brabantiæ (Antv., 1600), a reproduit le livre V de la Brabantiade de Melchior van Baerle. — 2° De Diis gentivm lib. III. Antverpiæ, typis Æ. Coppenij Diestemij, MDLXII ; vol. in-8o, de vi-57 feuillets portant les signatures A — Hiiij. — 3° Bvcolica : Misogeorgvs, Galatea, Atthis, Piscatores, Pharmacevtria. Antverpiæ, typis Ægidij Coppenij Diestei, MDLXIII ; vol. in-8o non chiffré, portant les signatures A — Dv. — L’églogue intitulée : Galatea a été reproduite par Gruterus, dans les Deliciæ poet. belg., I. — 4° De Raptv Ganymedis liber. Eivsdem argvmenti Luciani Dialogi duo, latino carmine redditi ab eodem auctore. Antverpiae, typis Æg. Coppenij Dieste-

  1. Cette correspondance a été réunie et publiée en 1667, à Amsterdam, sous le titre : Epistolœ.