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naissance des auteurs classiques et sur le développement qu’elle prit.

Badius mourut âgé de plus de soixante-douze ans et fut inhumé dans le charnier du cloître de Saint-Benoît. Après les dévastations faites au siècle dernier, à la suite de la révolution française, les ossements de ceux qui avaient été enterrés dans les églises et les cloîtres détruits de cette partie de Paris, furent transportés dans l’église de Saint-Étienne-du-Mont. Des inscriptions, consacrées à ces personnages, ont été incrustées dans les murailles, et l’on y voit, entre autres, les noms de Jean Racine, de Blaise Pascal, des graveurs Edelinck et d’autres illustrations du xvie et du xviie siècle. C’est là également que sont déposés les restes de Josse Badius, qui ne pouvaient certes reposer en meilleure compagnie.

Plusieurs épitaphes en vers furent composées en l’honneur de Badius : on en a conservé le texte ; l’une d’elles figurait sur sa tombe au cloître de Saint-Benoît[1].

Le célèbre imprimeur, après avoir laissé un nom honoré, une réputation intacte, une grande renommée littéraire, s’éteignit avec la douce consolation que le Prælum Ascensanum trouverait de dignes continuateurs dans ses enfants. En effet, outre son fils aîné, qui mourut en 1526, comme nous l’avons déjà dit, il eut un second fils nommé Conrad, typographe comme lui, dont nous parlerons tantôt, et trois filles qui eurent pour maris des imprimeurs célèbres : Catherine, l’aînée, épousa Michel Vascosan, Jeanne, Jean de Roigny et Perette, la cadette, l’illustre savant Robert Étienne, le deuxième de ce nom qui devait répandre tant d’éclat en France sur l’art typographique et l’érudition classique.

Il eut en outre un frère, nommé Jean, qui exerça la librairie à Paris, où nous le trouvons établi en 1516.

Conrad Badius, dont nous avons parlé plus haut, naquit à Paris en 1510. Il se livra de bonne heure à l’art exercé par son père et laissa des productions typographiques très-estimées. Ayant embrassé la religion protestante, il se réfugia à Genève et s’y attacha à Jean Calvin pour lequel il imprima plusieurs livres importants. Il s’y associa bientôt à Jean Crépin, imprimeur distingué, et à Robert Étienne, son beau-frère, qui, lui aussi, s’était rendu à Genève pour échapper aux persécutions religieuses. Ils firent paraître ensemble un grand nombre d’auteurs classiques. Conrad Badius traduisit en français le livre d’Érasme Albert, intitulé : l’Alcoran des Cordeliers, (Genève, 1556, in-12), et l’augmenta d’un second livre de sa composition qui fut souvent réimprimé. Les nombreuses préfaces qu’il mettait, comme son père, en tête de ses éditions, sont remarquables par leur forme littéraire élevée et pleine de goût. Ardent prosélyte des doctrines nouvelles, il composa en vers les Satyres chrétiennes de la cuisine papale (Genève, 1560, in-8o).

Conrad Badius mourut à Genève en 1568, à l’âge de cinquante-huit ans[2].

Bon de Saint-Genois.

Bulæus, Historia univ. parisiensis, t. VI. — Paquot, Mémoires manuscrits (Bibl. Royale). — Michaud. Biographie universelle. — Mémoires de la Société du Hainaut, t. II, article de M. E. Hoyois. — Trithemius, De Scriptoribus ecclesiasticis, p. 393. — Feugères, Caractères littéraires, t. II, p. 19. Paris, 1859. — Miræus, Elogia Belgica, p. 121. — Graesse (J.-G.), Trésor des livres rares, t. I, p. 274.

BADOUX (Robert DE), peintre de marines et graveur, naquit à Bruxelles, on ignore en quelle année ; on sait seulement qu’il florissait vers 1628. Il peignit des marines et a fait quelques gravures pour l’Académie de l’Espée, publiée à Anvers, en 1628, chez Gérard Thibault. Aucun des auteurs importants qui se sont occupés des graveurs n’a cité De Badoux. Ses planches de l’Académie sont cependant d’un burin ferme, mais vulgaire.

Ad. Siret.

*BAECHEM DE EGMUNDA (Nicolas), théologien, prédicateur, né à Egmond

  1. Elles sont rapportées par Paquot, Mémoires manuscrits cités.
  2. Paquot, Mémoires manuscrits, cite encore un Conrad Badius, ami de Théodore de Bèse, qui mourut de la peste avec toute sa famille à Orléans, en 1562, où il était ministre protestant. Faut-il rattacher, ce personnage à la famille de Josse Radius ? Était-ce peut-être un fils de Conrad précité ?