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1692, et deux pièces anonymes représentant l’Entrée et les Funérailles de la reine Christine de Suède, morte à Rome le 19 avril 1689. L’œuvre de Robert van Audenaerde, en y comprenant les gravures non citées et quelques-unes qu’on lui attribue, s’élève à environ trois cents pièces. Le Martyre de saint Blaise, peint par Carle Maratti, est son chef-d’œuvre ; la Mort de la Vierge et l’Assomption de la Vierge, d’après le même peintre, sont deux estampes justement appréciées. Plusieurs de ses portraits, et nommément ceux du cardinal François Barberini et de Saint Philippe de Néri, sont des mieux réussis. Le morceau le plus rare, et en même temps un des plus notables et des plus compliqués de son œuvre, est l’estampe commémorative de la fameuse Thèse soutenue à Rome en 1697, à l’occasion de la conversion de Frédéric-Auguste Ier, roi de Pologne. Pour symboliser cette conversion, André Procacini a représenté le pape Innocent XII assis sur son trône pontifical, tandis que l’hérésie est abattue à ses pieds ; à ses côtés sont les quatre parties du monde et les peuples prosternés. L’estampe se compose de trois feuilles ; dans des médaillons sont les portraits de Frédéric-Auguste et de Christine de Suède. Une autre grande Thèse : la Colère d’Achille, dédiée au même pontife et gravée d’après J.-B. Gauli, aussi en trois feuilles, n’est pas moins remarquable. — Les planches à portraits et figures allégoriques des Numismata Barbadica portent la signature : R. V. A. Gand. inv. inc. La plupart de ses estampes sont signées : R. Van Auden-Aerd, et c’est l’orthographe adoptée dans quelques dictionnaires biographiques et catalogues d’estampes. Dans d’autres ouvrages on écrit Van Oudenaerde. Les documents qui concernent son père, le doyen du corps des instituteurs gantois en 1663 et 1678, ainsi que sa signature et les actes de naissance et de décès des registres de l’état civil de Gand, portent Van Audenaerde, comme la véritable désignation patronymique.

Trompé par la diversité orthographique et par les dates mortuaires données par les biographes : 1717 et 1743, François Basan, dans son Dictionnaire des Graveurs, seconde édition, 1789, d’un seul artiste en fait deux : Robert Van Auden-Aerd, bon peintre flamand, élève de C. Maratti et son graveur favori, décédé en 1717, et Robert van Oudenaerde, mort en 1743, aussi élève de C. Maratti, dont il gl’ava bon nombre de tableaux.

Selon Descamps, l’artiste ne grava plus que des planches de petite dimension depuis son retour en Flandre, la grande peinture absorbant toute son activité. C’est une erreur : plusieurs de ses planches capitales, et entre autres celles de la Mort de la Vierge et de l’Assomption de la Vierge, furent sinon exécutées entièrement, du moins terminées à Gand ; elles sont marquées du millésime de 1728. L’Académie de dessin de Gand possède une collection de septante-six épreuves des Numismata Barbadica, qui, après la mort du graveur, passèrent à son disciple Pilsen, et plus tard dans le cabinet d’estampes de M. Borluut de Nortdonck. Ces épreuves sont accompagnées de la liste première des gravures à exécuter pour l’ouvrage, liste autographe de Robert van Audenaerde. — Outre F. Pilsen, il est encore un graveur qui s’est formé à l’école de Robert Van Audenaerde : c’est Abraham Janssens, qui pratiqua la gravure à l’eau-forte.

Avant Robert van Audenaerde, la ville de Gand n’avait pas eu de graveurs au burin parmi ses artistes. Dans la gravure à l’eau-forte, le premier fut Liévin Cruyl (Livinus Cruylius), prêtre, excellent dessinateur, graveur et architecte, qui fut contemporain de Van Audenaerde, à Rome.

Pour résumer les divers jugements émis sur Robert van Audenaerde par les biographes qui l’ont apprécié soit comme peintre, soit comme graveur, soit au point de vue de sa double spécialité artistique, nous constaterons que l’on accorde presque généralement plus de mérite à ses gravures qu’à ses tableaux : peut-être parce que ces derniers sont très-peu connus hors de sa patrie. Quoi qu’il en soit, on reconnaît unanimement que dans les eaux-fortes son trait est correct, souvent plein de sentiment, et sa pointe