Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’obtenir la main de Marguerite, il consentit à transiger avec sa belle-mère. Un accord fut conclu en 1281. Assignant un douaire à Isabelle, Arnoul céda à ses frères consanguins Jean et Jacquemin les terres de Warck, d’Agimont et de Givet, et ceux-ci, de leur côté, renoncèrent pour eux et leurs descendants à toutes prétentions sur le comté de Looz et ses dépendances. Il épousa Marguerite de Vianden et, de même que son suzerain, Jean de Flandre, évêque de Liége, il devint, plus tard, l’allié du duc de Brabant, dans les expéditions entreprises par ce prince pour la conquête du duché de Limbourg.

La bravoure et les talents militaires d’Arnoul brillèrent de tout leur éclat à la mémorable bataille de Woeringen, livrée le 5 juin 1288, entre Jean Ier, duc de Brabant, et ses alliés, d’une part, Sifroid de Westerburg, archevêque de Cologne, et ses adhérents, de l’autre. Dans cette lutte glorieuse qui décida, pour cinq siècles, du sort du duché de Limbourg, Arnoul avait le commandement du deuxième corps de l’armée brabançonne, et ce fut à sa générosité que Renaud, comte de Gueldre, l’un des principaux auteurs de la guerre, dut son salut[1].

A partir de cette époque, Arnoul joua, pendant plusieurs années, l’un des premiers rôles dans tous les événements de quelque importance qui survinrent au pays de Liége. En 1297, il prêta son appui à l’évêque Hugues de Châlons, reçut de celui-ci quelques fiefs et le protégea contre les attaques de ses sujets révoltés. En 1302, nommé mambour ou régent de la principauté, après la mort d’Adolphe de Waldeck, il se montra favorable aux prétentions de la noblesse, dans la lutte, parfois sanglante, qu’elle avait depuis longtemps engagée avec le peuple. Il voulait aider les échevins de la cité à ressaisir le pouvoir excessif dont on les avait dépouillés ; mais l’union de la bourgeoisie et du clergé fit si bien échouer ce projet que, loin de récupérer leur ancienne puissance, les nobles y laissèrent quelques lambeaux des priviléges qu’ils avaient conservés. A l’heure où, dans toutes les parties de l’Europe civilisée, les hommes des communes revendiquaient énergiquement leurs droits, la population ardente et courageuse de Liége ne pouvait rester en arrière.

En 1312, Arnoul remplit le même office de mambour d’une manière beaucoup moins légale. L’évêque Thibaut de Bar étant décédé en Italie, où il avait suivi l’empereur Henri de Luxembourg, le chapitre de Saint-Lambert avait déféré la mambournie à Arnoul de Blankenheim, prévôt de la cathédrale. Les nobles et les échevins de la cité protestèrent contre ce choix et prirent pour mambour le comte de Looz. Le peuple s’étant rangé du côté du chapitre, Arnoul, accompagné de la plupart des nobles, se retira à Huy. Il y convoqua les échevins de Tongres, de Hasselt, de Dinant, de Saint-Trond et des autres villes du pays, fit déclarer nul le choix de son concurrent et revendiqua, comme un droit héréditaire de sa maison, toute la puissance du souverain pendant la vacance du siége.

Après cet acte décisif, Arnoul fit une démarche sur le but de laquelle on n’est pas généralement d’accord. Reconnaissant, suivant les uns, l’impossibilité d’arriver, par la force des armes, à la soumission du peuple de la capitale ; agissant,

  1. Ayant remarqué que le comte de Gueldre, grièvement blessé, gisait renversé sous son cheval, Arnoul, qui était son cousin, envoya quelques chevaliers lossains à son aide. Ceux-ci lui ôtèrent sa cotte d’armes pour qu’il ne fût pas reconnu, lui donnèrent un autre cheval et le firent conduire hors du champ de bataille par le chapelain de Montenaeken. Il allait échapper à ses ennemis, lorsque quatre écuyers brabançons coururent après lui et le ramenèrent prisonnier, sans toutefois l’avoir reconnu. Il tomba ainsi entre les mains du duc de Brabant et ne recouvra sn liberté que le 15 octobre 1289.
         Six années après la bataille de Woeringen, en 1294, Arnoul V épousa la querelle de Waleran, sire de Fauquemont, contre le même Renaud de Gueldre, et aida le premier à mettre le siége devant le château de Borne, près de Sittard. Ou ignore la cause et les résultats de cette expédition. On sait seulement que, par deux rescrits, l’un du 24 avril et l’autre du 12 juillet 1294, Rodolphe, roi des Romains, ordonna au assiégeants de cesser les hostilités et de porter au tribunal de l’Empire les prétentions qu’ils avaient à charge du comte de Gueldre (Wolters, Cod. diplom. loss., pp. 173 et 174 ; Ernst, Hist, du Limbourg, t. IV, p. 578).