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désastreuses. Les Français avaient résolu d’attaquer les Pays-Bas : deux corps d’armée, dont l’un était commandé par Louis XV en personne et l’autre par le maréchal de Saxe, envahirent ces provinces. Les alliés ne purent leur opposer que des forces de beaucoup inférieures en nombre, et les Hollandais défendirent mollement les places de la barrière où ils tenaient garnison : aussi Courtrai, Menin, Ypres, Fumes tombèrent au pouvoir de l’ennemi. Le duc d’Arenberg avait pris le commandement des troupes autrichiennes ; les Anglais et les Hanovriens avaient à leur tête le feld-maréchal Wade, et les Hollandais le comte Maurice de Nassau. Malgré la supériorité de l’armée française, le duc, par un mouvement hardi et une marche forcée, pénétra, le 8 août, sur le territoire français, du côté de Cisoing ; il avait avec lui les divisions autrichienne et hollandaise ; les troupes du maréchal Wade ne tardèrent pas à l’y joindre. L’armée alliée occupa Orchies et établit son campement jusqu’à une demi-lieue de Lille. Elle se maintint dans cette position pendant les mois d’août et de septembre. La campagne n’eut pas d’autres résultats.

Dans la campagne de 1745, d’Arenberg fut appelé au commandement de l’armée autrichienne chargée d’opérer sur le bas Rhin. Il quitta Bruxelles le 21 janvier, pour aller se mettre à la tête de ses troupes, auxquelles il avait donné rendez-vous près de Cologne. Le 19 février, il passa le Rhin, en intention de marcher en avant vers l’intérieur de l’Empire ; il campa successivement à Siegburg, à Limbourg, à Wiesbaden, à Hadamar, à Montabaur, à Minden, à Siegen, sans rencontrer d’obstacles de la part des Français. Le 14 juin, en conséquence d’une lettre qu’il avait reçue de Marie-Thérèse, il partit pour Vienne, après avoir remis le commandement de son armée au feld-maréchal comte de Batthiany : il arriva dans cette capitale le 25. On disait qu’il allait être pourvu du gouvernement du Milanais et de la Lombardie ; on parlait aussi pour lui du commandement de l’armée d’Italie : ce fut à celle de Silésie qu’il fut envoyé, pour y commander l’infanterie sous les ordres du duc Charles de Lorraine. Pendant ce temps, les Français s’étaient emparés de presque tous les Pays-Bas. Le duc, à l’issue de la campagne de Silésie, retourna à Vienne, où il reçut toute sorte de témoignages de la considération de l’Empereur et de l’Impératrice ; il se rendit ensuite dans son duché d’Arenberg, et passa à la Haye l’hiver de 1747 à 1748.

Cependant la paix qui se négociait à Aix-la-Chapelle devait faire rentrer l’Autriche en possession des Pays-Bas : Marie-Thérèse établit, pour le gouvernement provisoire de ces provinces, une jointe ou commission dont le duc d’Arenberg eut la présidence (8 octobre 1748). Cette jointe fut installée à Ruremonde, le 30 octobre, par le comte de Batthiany, au nom de l’Impératrice ; elle demeura en activité jusqu’à l’arrivée du prince Charles de Lorraine à Bruxelles, au mois d’avril 1749.

Il y avait plus de quarante ans que le duc d’Arenberg servait son pays et ses souverains ; il était bien juste qu’il songeât à prendre quelque repos. Il avait obtenu de Marie-Thérèse, en 1740, que son fils aîné, le prince Charles-Marie-Raymond, lui fût adjoint dans la charge de grand bailli de Hainaut ; dès lors il avait cessé de s’occuper des affaires de cette province : en 1749, il en résigna le gouvernement militaire avec celui de la ville de Mons, ne conservant que le commandement en chef des troupes aux Pays-Bas, qu’il exerça jusqu’à la fin de ses jours. Il mourut, universellement regretté, au château d’Héverlé, près de Louvain, le 4 mars 1754. Son corps fut transporté à Enghien et inhumé dans l’église des Capucins.

Le duc Léopold aimait les sciences et les lettres ; il se plaisait à étendre sur ceux qui le cultivaient sa bienveillance et sa protection. Il avait connu Jean-Baptiste Rousseau à Vienne : lorsque le grand poëte lyrique vint à Bruxelles, en 1722, avec l’espoir, dont le prince Eugène l’avait flatté, d’être nommé historiographe des Pays-Bas, il lui fit un accueil distingué, l’admit à sa table et eut des attentions infinies pour lui. Il s’intéressa vivement au succès de ses démarches quand,