Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans le nouveau monde, et prêter leur génie entreprenant à la Compagnie des Indes.

Tous ces titres de gloire devaient être recueillis : il y avait là pour l’Académie un devoir patriotique à remplir et pour notre publication un côté intéressant et glorieux trop longtemps laissé dans l’ombre.

Nous ferons remarquer, en passant, que plus d’un compatriote, ainsi sorti du pays natal, a vu son nom d’orthographier d’après la prononciation du pays étranger ou se traduire dans un nouvel idiome. Cette circonstance fort commune, surtout pour les noms flamands, a fait méconnaître maintes fois la véritable nationalité de l’individu et a transformé en français, en anglais, en italiens ou en allemands, des personnages que nous avions le droit de revendiquer comme nôtres.

Sous ce rapport, la Biographie nationale rendra des services réellement patriotiques. On sera étonné de voir le nombre de Belges remarquables qu’on a dépouillés de leur nationalité, soit par erreur, soit avec intention, pour en faire des célébrités étrangères.

Voici, du reste, le point de vue auquel s’est placée immédiatement la Commission dans cette vaste entreprise.

Il ne suffit point de faire connaître le lieu et la date de naissance de chaque personnage, les circonstances de sa vie, ses productions s’il est artiste, savant, homme de lettres ou philosophe ; les hauts faits d’armes qui lui sont attribués, s’il est homme de guerre ; les découvertes qu’il a faites, s’il est navigateur ou géographe ; les lois et les institutions politiques auxquelles il a pris part, s’il est homme politique, jurisconsulte ou magistrat ; les vertus dont il a brillé, s’il est prince, philanthrope, prélat, religieux ou saint ; — il convient, surtout dans les biographies d’une certaine importance, de signaler le mouvement imprimé à la civilisation par les individus dont on retrace la vie, les progrès dont les sciences, les arts ou les lettres leur sont redevables, enfin la part que chacun d’eux a prise au développement intellectuel de l’humanité.

Cette manière de concevoir et de traiter le sujet peut seule faire disparaître la monotonie inséparable des biographies rédigées dans la forme de dictionnaires ; elle montrera, en outre, qu’à toutes les époques les Belges ont rempli un rôle qui les place au niveau des autres peuples. Notre publication offrira ainsi le tableau animé de la vie scientifique, littéraire et artistique, de la vie morale et matérielle de la nation ; elle formera, en même temps, une page éloquente de ce grand livre qu’on appelle l’Histoire du monde.

Toutes les notices ne comportent certes point de pareils développements ; si à de grands artistes tels que Rubens, Van Dyck et Grétry, à de grandes figures historiques, tels que Charlemagne, Godefroid de Bouillon, Jean le Victorieux, Artevelde, Charles-Quint, il est permis de consacrer des notices étendues,