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qu’on doit l’achèvement de la construction de l’église abbatiale de Malmédy, commencée par son prédécesseur. Il assista aux conciles d’Aix-la-Chapelle en 817 et en 836. C’est dans le premier de ces conciles que Louis le Débonnaire, avant d’associer Lothaire à l’Empire, vint prendre conseil des membres du clergé. Andon est signalé dans les écrits du temps comme un savant et un bon administrateur. Il fut aussi appelé à diriger le monastère de Moutier-en-Der qu’il rétablit dans son ancienne splendeur.

A. de Noue.

* ANDRÉ D’AUTRICHE, gouverneur général des Pays-Bas, naquit à Prague, non le 12 décembre, comme le dit Moréri, ni le 15 juin, selon Ciacconius, mais, d’après son épitaphe, le 14 mai 1558. Il était fils de Ferdinand, archiduc d’Autriche, et de la belle Philippine Velser, d’Augsbourg, que ce prince avait épousée en 1550. C’était le premier fruit de leur union. Destiné de bonne heure à l’état ecclésiastique, — car le mariage que son père avait contracté lui interdisait d’aspirer au titre et aux prérogatives d’archiduc — il fit les études sérieuses qu’exigeait cet état, sans négliger les exercices du corps auxquels se livraient les jeunes princes de son temps : il parlait le français, l’espagnol et l’italien. À l’âge de dix-huit ans, il partit pour Rome, où il reçut, des mains de Grégoire XIII, le chapeau de cardinal du titre de Santa Maria Nova (13 septembre 1576). Après y avoir fait un séjour de deux années, pendant lequel il s’acquit l’estime des membres du sacré collége, il revint dans le Tyrol, que, à la mort de l’empereur Ferdinand Ier, son père avait eu en partage. Il fut chargé du gouvernement de cette province, où il se fit aimer par sa prudence et sa justice. En 1580, Jean-Thomas, baron de Spaur, évêque de Brixen, le choisit pour son coadjuteur. À la mort de Grégoire XIII, en 1585, il retourna à Rome, où il prit part à l’élection de Sixte V. Il assista encore à trois autres conclaves, ceux où furent élus Grégoire XIV (1590), Innocent IX (1591) et Clément VIII (1592). En 1587, il fut nommé administrateur des deux abbayes et principautés de Murbach et de Lure. Deux ans après, le cardinal Marc Sittig, ayant renoncé à l’évêché de Constance, ce fut lui qui le remplaça, et, en 1591, il devint évêque de Brixen par le décès du baron de Spaur. Il perdit son père, l’archiduc Ferdinand, en 1595, sans pouvoir être admis, non plus que son frère Charles, marquis de Burgaw, à lui succéder dans le comté de Tyrol ; mais, vers ce temps, l’Empereur le nomma gouverneur de l’Autriche citérieure ou de l’Alsace.

L’archiduc Albert (voir ce nom) devant se rendre en Espagne, pour y épouser l’infante Isabelle, il fallut songer à trouver quelqu’un qui pût le suppléer aux Pays-Bas durant son absence. Philippe II jeta les yeux sur le cardinal André, dont il avait entendu dire beaucoup de bien et qui s’était toujours montré affectionné à son service[1]. Albert se rangea à son avis (20 avril 1598). Le roi et l’archiduc écrivirent à André, qui était alors en Alsace, pour lui annoncer le choix qui avait été fait de lui. André répondit au roi que, quoiqu’il fût persuadé de son indignité et de son insuffisance, il voulait faire preuve d’obéissance et d’humilité en acceptant ; qu’il se flattait, d’ailleurs, à l’aide de la faveur divine, de le servir avec tant de zèle et d’amour qu’il lui donnerait toute satisfaction[2]. Il se mit incontinent en route et arriva, le 6 septembre 1598, à Bruxelles, où l’archiduc l’attendait. Albert, en vertu de la procuration qu’il avait de l’infante, sa future épouse, le nomma lieutenant, gouverneur et capitaine général des Pays-Bas et du comté de Bourgogne, avec des pouvoirs aussi étendus que ceux qu’il avait eus lui-même (12 septembre 1598). Il entra dans l’exercice de cette charge le 14 septembre, jour où l’ar-

  1. El tiempo que estuvo en Roma, se entiende te governó bien, y se le ha conocido siempre aficion á mi servicio (Lettre de Philippe II à l’archiduc Albert, du 18 mars 1598, aux archives de Simancas.)
  2. Aunque me conosco indigno y insuficiente, he querido con toda obediencia y humildad aceptar con el agradescimiento que debo, esperando con el favor divino servir á V. M. en esas paries de manera y con tanto cuidado y amor que recibirá toda satisfacion y contento (Lettre du 20 août 1598, ibid.)