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des messes, motets, litanies et autres morceaux de musique religieuse qu’on exécute encore dans les église de Gand et de plusieurs autres villes de la Flandre. On cite particulièrement un Miserere de cet artiste, considéré, dans sa ville natale, comme une composition distinguée.

F.-J. Fétis.

ALUF, ALULFUS, alias ALALFUS. Né à Tournai au xie siècle, il avait pour père le grand chantre de la cathédrale, Siger. Lui-même paraît avoir été d’abord chanoine et chantre de Notre-Dame. En 1095, il revêtit l’habit de bénédictin à Saint-Martin. C’était l’époque de la splendeur de l’école d’Odon. Aluf remplit durant quarante-sept ans les fonctions de bliothécaire et de préchantre de l’abbaye. Odon, son abbé, l’exhorta à composer un recueil des sentences de l’Écriture sainte contenues dans les œuvres de saint Grégoire le Grand. Ce travail semble avoir eu pour le moyen âge un attrait particulier ; car trois écrivains s’en étaient occupés avant Aluf et seize le recommencèrent après lui. Aluf se distingue de ces nombreux compilateurs en ce qu’il n’emprunte que les pensées ; la forme lui appartient. Son ouvrage présente une sorte de commentaire de l’Écriture sainte. Il est divisé en trois livres : le premier comprend le Pentateuque et les livres historiques de l’Ancien-Testament ; le deuxième, les Psaumes et les Prophètes ; le troisième, le Nouveau-Testament. Il était connu sous le titre d’Opus exceptionum Gregorianum. On en conservait le manuscrit, en quatre volumes, à la bibliothèque de Saint-Martin à Tournai. Le troisième livre a été imprimé à Paris, in-4o, et à Strasbourg, en quatre volumes in-fol., 1516. Sixte de Sienne loue Aluf pour sa science et son orthodoxie. L’abbé Hériman, son contemporain, fixe sa mort à la quarante-huitième année de sa profession, 1144.

F. Hennebert.

ALVISE ou ALVISUS, évêque d’Arras, naquit au xie siècle en Flandre, et peut-être à Saint-Omer, car il est de bonnes raisons pour croire qu’il était frère germain du célèbre Suger, régent du royaume de France. Il embrassa la vie religieuse à l’abbaye de Saint-Bertin et y fit en peu d’années de grands progrès dans la vertu et la science sacrée, ce qu’il dut surtout à la régularité de sa vie. D’après Bulæus, (Hist. universitatis parisiensis, t. XI, p. 725), il aurait été docteur de l’université de Paris. L’an 1111, il fut tiré de son monastère, où il était prieur, pour être promu à l’abbaye d’Anchin. Non-seulement il sut y maintenir la discipline la plus exacte, mais il fut encore un des principaux réformateurs des autres monastères de Flandre, ce qui lui suscita des traverses de la part de quelques esprits indociles. Il fut élevé au siége épiscopal d’Arras en 1131, et administra le diocèse avec tant de piété et de sagesse, qu’un auteur de l’époque le proclama « grand aux yeux des hommes, mais plus grand encore devant Dieu. »

Ce vénérable prélat étant parti pour la Palestine avec le roi Louis le Jeune, mourut le 6 septembre 1147, à Philippopoli, avant d’arriver à Constantinople, où le roi l’avait envoyé en ambassade. L’historien Daunou avance à tort qu’il mourut en Palestine. Baluze a publié, dans ses Miscellanea (t. V, pp. 401-426), trente-cinq lettres, la plupart de haute importance : une seule est d’Alvise, les autres lui sont adressées par Louis le Jeune et par les papes Innoncent II, Célestin II, Lucius II et Eugène III. Elles prouvent quelle bonne opinion on avait, en France et à Rome, de la science et de la rectitude du jugement du prélat. On n’a malheusement pas conservé ses réponses : c’est une perte réelle et importante pour les lettres et surtout pour l’histoire.

J.-J. De Smet.

AMADEI (Charles baron D’) feld-maréchal-lieutenant, chevalier de l’ordre de Marie-Thérèse, né à Bruxelles en 1723, mort à Milan, le 27 janvier 1796, entra, dès l’âge de douze ans, dans le régiment d’infanterie autrichien Margrave de Bade, no 23, où son père était capitaine. Il fit la guerre contre la Turquie (1737-1739) ; se signala comme enseigne dans la guerre de la succession d’Autriche, à la bataille de Mollwitz et plus tard comme capitaine à l’assaut de Vilshoven. En 1752, il fut nommé major et l’année suivante lieute-