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recourir à la plume, afin de faire connaître à son fils dénaturé les douleurs poignantes dont il inonde le cœur de ses parents !

Les Héroïdes sacrées sont dédiées à Catherine de Brandebourg, dame de Jauche et d’Assche, dont l’auteur élevait alors les enfants. Cette dédicace, écrite à Bruxelles le 15 juillet 1573, est peut-être la pièce la plus intéressante du volume. Blamant Platon, Euripide, Simonide et plusieurs autres des traits acérés qu’ils ont lancés contre le sexe le plus faible ; empruntant aux historiens de l’antiquité païenne les noms de la plupart des femmes qui se sont immortalisées par de mâles vertus ; énumérant et célébrant les qualités précieuses qui sont leur apanage chez tous les peuples et à toutes les époques ; évoquant le souvenir de celles qui se sont illustrées par le culte de la poésie, de la philosophie et de la science, Alen termine en plaçant les femmes au-dessus des hommes par leur piété envers Dieu, lequel, dit-il, ne fait pas de distinction entre les sexes. Le pédagogue du xvie siècle avait vaguement entrevu le vaste programme que, plus de deux siècles après, Legouvé devait réaliser avec autant de profondeur que d’éclat.

L’historien Mantelius rapporte que le collége public de Hasselt conserva longtemps une réputation méritée, grâce au zèle et au talent d’une phalange de professeurs formés par Alen.

J.-J. Thonissen.

Mantelius, Hasseletum. — Sweertius, Athenœ Belgicœ. — Foppens, Bibliotheca belgica. — Paquot, Mém. litt. — Hofman-Peerlkamp, De Vita Neerlandorum qui carmina latina composuerunt.

* ALENÇON (François de Valois, duc D’), d’Anjou, de Brabant, comte de Flandre, etc., né à Paris en 1556, quatrième fils de Henri II, roi de France, et de Catherine de Médicis, frère de François II, de Charles IX et de Henri III. Le duché d’Alençon, dont il prit le nom, lui avait été donné comme apanage. En 1571, un ambassadeur espagnol, décrivant la cour du roi Charles IX, disait du duc d’Alençon que c’était un cavalier sans consistance, qu’il ne savait faire aucune réponse avec justesse ni aux ambassadeurs ni à personne. Il manifesta toutefois une grande ambition, lorsque, en 1573, le duc d’Anjou (depuis Henri III) alla prendre possession du trône de Pologne. Héritier du nom et des armes de son frère, il s’appuyait sur les huguenots et les politiques et visait à la lieutenance générale du royaume, dans l’espoir de succéder à Charles IX, au détriment du nouveau roi de Pologne. Toutes ses entreprises ayant échoué, il tourna son attention vers les Pays-Bas, soulevés contre la domination espagnole. En 1578, il entra pour la première fois dans ces provinces et s’empara de Binche et de Maubeuge. Après ce succès, il conclut, le 13 août, avec les états généraux, un traité par lequel il promettait formellement d’assister les Pays-Bas contre don Juan d’Autriche. D’autre part, les états généraux lui conféraient le titre de défenseur de la liberté des Pays-Bas et s’engageaient, pour le cas où ils changeraient de souverain, à le préférer à tout autre. Cet engagement fut accompli en 1580. Après qu’Alexandre Farnèse eut obtenu la soumission des provinces wallones, après la prise de Maestricht, les états généraux, cédant aux suggestions de Guillaume d’Orange, résolurent de déférer la souveraineté des Pays-Bas au prince français. Des députés se rendirent au château de Plessis-lez-Tours, où résidait le duc d’Alençon, et celui-ci accepta, le 29 septembre, l’offre des états généraux, après avoir au préalable ratifié un traité qui confirmait les priviléges des Pays-Bas et consacrait, à certains égards, la prépondérance des états. Le duc d’Alençon s’occupa de recruter une armée. De leur côté, les états généraux, pour faciliter et régulariser l’avènement du frère de Henri III, prononcèrent, le 26 juillet 1581, la déchéance de Philippe II. Le duc d’Alençon s’avança vers les Pays-Bas et força le prince de Parme à lever le siége de Cambrai. Il passa ensuite en Angleterre pour presser son mariage avec la reine Élisabeth, dont il recherchait la main depuis longtemps. Leurré par la reine et enfin éconduit, le duc d’Alençon quitta Londres, après trois mois de séjour en Angleterre, et, faisant voile pour la Hol-