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froid leur livra une bataille dont le résultat fut indécis. Il se préparait à continuer la lutte avec l’aide de ses frères, lorsque l’evêque de Liége parvint à faire conclure par les adversaires une paix avantageuse pour Godefroid, puisqu’elle lui rendait Verdun et les autres conquêtes faites par Thierri (1088).

Ces faits sont contemporains de l’institution du tribunal de la paix de Liége, qu’on fixe avec le plus de certitude à l’année 1081. D’après une ancienne chronique, Albert aurait été le promoteur de l’érection de ce tribunal célèbre ; il est du moins hors de doute qu’il y prit une part des plus actives, ce qui lui valut le surnom de Pacifique.

En 1099, Otbert, évêque de Liége, donna en fief à Albert III le comté de Brunengeruz ou Brugeron, qu’il venait d’obtenir par arbitrage, à la suite d’un conflit mû entre lui et Godefroid le Barbu, comte de Louvain. Il semble résulter d’un diplôme de 1101 qu’à cette époque, Albert s’était associé son fils Godefroid. Il figure lui-même, pour la dernière fois, dans un autre acte de 1105. Outre Godefroid qui lui succéda, il eut encore de sa femme Ide de Saxe, veuve de Frédéric de Luxembourg, Frédéric, qui devint évêque de Liége, Henri, comte de La Roche, et Albert, qui mourut en Asie.

J. Borgnet.

ALBERT, comte de Hainaut, mort en 1388. Voir Aubert.

ALBERT, abbé de Gembloux, musicien, poëte, écrivain ecclésiastique, né à Lerne près de Thuin, au xie siècle. Voir Olbert.

ALBERT DE RETHEL, prévôt de l’église de Saint-Lambert à Liége, né vers 1150, mort à Rome vers 1195. Fils du comte de Rethel, et cousin de Baudouin V, comte de Hainaut, il fut d’abord attaché comme chanoine au chapitre de Saint-Lambert, dont Henri de Jauche était alors grand prévôt. À la mort de ce dernier, vers 1180, Albert de Rethel fut appelé à la grande prévôté, qui impliquait le titre d’archidiacre de Saint-Lambert. C’est en cette qualité que, au rapport de Miræus, il signa comme témoin dans une charte approuvant les donations faites au monastère de Géronsart.

Lorsqu’en 1191, le siége épiscopal devint vacant par la mort de son titulaire, Raoul de Zæhringen, cinq ou six chanoines donnèrent leurs voix à Albert de Rethel ; les autres, en plus grand nombre, votèrent pour Albert de Louvain, fils de Godefroid III. Mais l’empereur Henri VI, au lieu de confirmer l’une des élections, se prononça vivement en faveur de Lothaire de Hostade, prévôt de l’église de Bonn. À cette nouvelle, Albert de Rethel renonça à ses prétentions et se rallia au parti d’Albert de Louvain. L’empereur Henri VI fut inflexible et fit même assassiner le rival de son protégé, à Reims, où il s’était rendu pour se faire sacrer. Les Liégeois indignés forcèrent bientôt Lothaire, élu depuis peu, de se démettre de son évêché. Simon, fils du duc de Limbourg, obtint la majorité des suffrages pour le remplacer. Le prévôt de Rethel protesta contre cette nomination, à cause de la grande jeunesse de Simon. Mais l’Empereur approuva l’élection et voulut la maintenir. Aussitôt Albert de Rethel se rendit à Rome et revint avec des lettres du pape qui cassaient l’élection de Simon. Il convoqua de nouveau le chapitre et lui proposa Albert de Cuyck, qui fut élu à l’unanimité des suffrages. Les deux Albert partirent simultanément pour Rome au commencement de 1195, et obtinrent du pape la confirmation de cette élection. Albert de Rethel ne revint plus à Liége ; il mourut à Rome la même année.

D’après la notice de Gilles d’Orval, insérée dans les Gesta pontificum Leodiensium, de Chapeauville, Albert de Rethel n’était rien moins qu’un homme grossier, cupide, ambitieux, illettré et déloyal. Ces accusations sont gratuites et interessées à la fois. La notice a pour objet la vie d’Albert de Louvain et est due à la plume d’un ami attaché à la maison de ce dernier. L’auteur voyait dans Albert de Rethel un prétendant au siége épiscopal et partant un rival de son ami : c’est ce qui explique sa violence.

Si l’on juge Albert de Rethel d’après les faits qui viennent d’être rapportés et qui sont empruntés, entre autres chroniqueurs, à Gilles d’Orval lui-même, on trouve qu’il avait précisément les qualités contraires aux défauts qui lui sont imputés. Il se distingua partout par son zèle, son désintéressement et son intelligence à