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xie siècle, figurer un Albert de Namur. Il épousa Reylinde ou Regelinde, fille de Gothelon le Grand, duc des deux Lotharingies. On doit à ce prince la reconstruction de l’église de Saint-Aubain à Namur (1047). C’était alors une simple chapelle qui avait été autrefois desservie par des moines. Albert la réédifia sur un plan plus vaste, l’érigea en collégiale et accorda aux chanoines un échevinage particulier. On lui attribue également le second agrandissement de Namur, au moyen d’une enceinte dans laquelle on pénétrait par les portes Hoyoul, Saineau et Saint-Aubain. Son alliance avec la puissante maison d’Ardennes et sa position de grand feudataire lui valurent d’être mêlé à la lutte qui éclata à propos de la succession du royaume de Bourgogne. En 1037, Eudes de Champagne, qui prétendait à cette succession, fut attaqué, à Hofnol sur l’Orne, par Gothelon aidé d’Albert de Kainur et d’autres seigneurs lorrains. Eudes fut défait et tué dans cette bataille. Selon quelques annalistes, Albert II y aurait également succombé. D’autres, au contraire, le font périr dans un combat livré à Revogne, en 1048. Ces deux assertions, d’ailleurs contradictoires, ne peuvent être admises. Il est certain qu’il vivait encore en 1047, et quant à la seconde bataille, on aura évidemment confondu Albert de Namur avec Albert d’Alsace, qui fut défait et tué en cette même année 1048 par Godefroid, duc de Mosellane. C’est donc Albert II et non son successeur qui figure parmi les partisans de l’empereur Henri III, dans la longue lutte que celui-ci eut à soutenir contre Godefroid le Courageux et Bauduin de Lille et qui ne se termina qu’à sa mort (1056) ; mais nous ne possédons aucun détail sur la part qu’il prit à cette lutte. Il eut aussi, en 1061, des démêlés avec l’évêque de Liége, Théoduin, démêlés dont la véritable cause nous est également inconnue. Si, comme nous le pensons, il mourut vers 1063, il faut lui attribuer une partie au moins des plus anciennes monnaies comtales de Namur. Il laissa deux fils : Albert, qui lui succéda, et Henri, qui devint comte de Durbuy.

J. Borgnet.

ALBERT III, comte de Namur, vers 1063-1105. Si nous reportons à l’année 1063 l’avènement de ce prince, c’est qu’un diplôme de 1070 est daté de la septième année de son règne. Toutefois, même en présence d’un texte si précis, ce n’est pas sans quelque hésitation que nous adoptons cette chronologie. Il est du moins certain qu’à dater de 1031, nous trouvons de nombreux diplômes dans lesquels intervient un Albert de Namur (1031-1066), soit seul (1031-1105), soit avec son frère Henri (1067 et 1087), soit avec son fils Godefroid (1080-1092), soit enfin avec ses fils Godefroid, Henri et Albert (1095-1101).

À ce règne correspond la lutte de Robert le Frison contre Richilde. Battue à Cassel, en 1071, malgré les secours que lui fournirent le roi de France, Godefroid le Bossu, le comte de Namur, etc., la courageuse princesse offrit à l’évêque Théoduin de tenir le Hainaut en fief de l’Église de Liége. L’acte d’inféodation fut conclu à Fosses la même année, dans une assemblée où se trouvait Albert. Tout porte à croire que ce prince prit part à la nouvelle lutte qui s’ensuivit et qui se termina par la bataille de Broqueroie, en 1072. Quelques années plus tard, Albert III eut à soutenir une querelle qui le touchait de plus près. Godefroid le Bossu, duc de Basse-Lotharingie, était mort en 1076, laissant ses fiefs particuliers à son neveu Godefroid de Bouillon. Mathilde, sa veuve, mécontente des dernières dispositions prises par son mari, mit tout en œuvre pour les faire échouer. Excité par la célèbre marquise, Albert III fit valoir des prétentions sur le duché de Bouillon du chef de sa mère Régelinde et de sa femme Ide. De leur côté, Manassès, archevêque de Reims, qui possédait le haut domaine de ce duché, en investit le comte de Namur, et Thierri, évêque de Verdun, s’emparant de sa ville épiscopale, la lui donna également en fief. Albert et Thierri vinrent assiéger Bouillon ; mais Godefroid, aidé de l’évêque de Liége, Henri de Verdun, repoussa glorieusement leurs attaques. Cette guerre dura cependant encore plusieurs années. Thierri et Albert étant venus assiéger Stenay, en 1086, Gode-