Page:Biographie nationale de Belgique - Tome 1.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quitta secrètement et se réfugia près de l’Empereur en Allemagne.

D’après les coutumes du temps, le sang versé demandait non-seulement justice, mais encore vengeance. Le duc de Brabant, celui de Limbourg, leurs amis, leurs alliés et presque tous les grands vassaux du bas Rhin se réunirent donc à Cologne, au commencement de l’année 1193, et résolurent de tirer une éclatante vengeance du meurtre d’Albert de Louvain. On commença par ravager le comté d’Hostade, pour se tourner ensuite contre l’Empereur. Henri VI, craignant pour sa couronne, envoya plusieurs ambassades aux princes confédérés, leur demanda une entrevue à Coblence et promit de réparer tous ses torts. Il tint, en effet, parole : s’étant rendu lui-même à Coblence, il y lit humblement réparation d’honneur au duc de Brabant, combla de présents tous les princes alliés, exila ceux qui avaient trempé dans le meurtre et fonda, dans l’église de Saint-Lambert à Liége, deux autels expiatoires. La paix fut ainsi établie. Quant à Lothaire de Hostade, il mourut repentant, en 1194, à Rome, où il était allé implorer la clémence de Célestin III. Les reliques de saint Albert de Louvain reposaient à Bruxelles, au couvent des Carmélites, couvent qui n’existe plus depuis la fin du siècle dernier.

Eugène Coemans.

Geschiedenis van sint Albertus van Leuven, door J. David. Antwerpen, 1845. — Fisen, Hist. Eccles. Leod., 1696. — Foullon, Historia Leodiensis, 1735. — De Villenfagne, Recherches sur la ci-devant Principauté de Liége Liége, 1817. — Butkens, Trophées sacrés et profanes du duché de Brabant, 1724. — Ernst, Histoire du Limbourg, 1837-1848.

ALBERT, comte de Mosellane, archevêque de Magdebourg, mort en 981. Voir Adelbert, comte de Mosellane.

ALBERT DE CUYCK, évêque de Liége. Voir Cuyck (Albert de).

ALBERT I, comte de Namur, vivait à la fin du xe siècle. La filiation et surtout la chronologie des premiers comtes de Namur sont fort incertaines. Il arrive fréquemment que les dates des diplômes contemporains ne concordent ni avec celles qui sont fournies par les chroniqueurs les plus dignes de foi, ni même parfois entre elles. Ce n’est pas ici le lieu de chercher à concilier des données historiques, du reste insuffisantes. En attendant qu’une critique judicieuse ait jeté du jour sur ces questions ardues, nous sommes bien forcé de suivre les historiens du pays, sauf à modifier quelques dates, et en prévenant le lecteur que tel fait que nous attribuons, par exemple, à Albert III, s’est peut-être passé sous le règne de son prédécesseur.

Adalbert ou Albert I, qui descendait de Bérenger, premier comte bénéficiaire de Namur, régna dans les dernières années du xe siècle. À cette époque, le territoire de la Lotharingie se trouvait définitivement partagé entre quelques grands feudataires, dont l’un possédait le comté de Namur, formé d’une partie de l’ancien pagus Lomacensis. Albert épousa Ermengarde, fille de Charles de France, duc de Lotharingie, et ce mariage lui valut, dit-on, la partie du comté située sur la rive droite de la Meuse. Il se joignit aux fils de Régnier II, lorsque, à la mort d’Othon le Grand (973), ils rentrèrent en Belgique pour reconquérir l’héritage de leur famille et vainquirent, près de Péronne, les comtes Garnier et Rainold que l’Empereur avait investis du Hainaut. Certains annalistes prétendent que, sous le règne de cet Albert, la ville de Namur, jusqu’alors restreinte à l’étroit espace compris entre la Sambre et la Meuse, reçut son premier agrandissement sur la rive gauche de la Sambre. Rien ne prouve comme rien n’infirme cette assertion. Par un diplôme de 992, l’Empereur confia au comte Albert I la défense de l’abbaye de Brogne. L’histoire n’en fait plus mention après cette date, car on ne peut guère ajouter foi à une chronique, relativement moderne, qui le fait périr, en 998, dans un combat livré sous les murs de Huy.

De son mariage avec Ermengarde, il laissa plusieurs enfants, parmi lesquels deux fils qui régnèrent successivement après lui : Robert II, dit le Perfide, et Albert  II.

J. Borgnet.

ALBERT II, comte de Namur, décédé vers 1063. Il succéda à son frère Robert II, entre les années 1015, date de la bataille de Florenne, et 1031, date du plus ancien diplôme où nous voyons, au