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Langres, assisté des abbés de Pontigni et de Clairvaux, nous apprend que la contestation fut terminée par une sentence arbitrale (Ibid., p. 1387.) ; 2o Trois diplômes relatifs à des institutions monastiques (Ibid., loc. cit., t. III.) ; 3o Testamentum Alani. Par ce testament, reçu par Harduin, abbé de Larivour, et certifié véritable par lui en 1182, Alain lègue des calices, des livres et une ferme pour la fondation d’un anniversaire après sa mort. L’abbé Lebeuf conclut de cet acte qu’Alain mourut la même année, mais c’est à tort, car, comme il a été indiqué plus haut, on a deux chartes de lui d’une date postérieure, l’une de 1183 et l’autre de 1185. Casimir Oudin (De Scriptoribus ecclesiasticis, t. II, p. 1400) s’inscrit en faux contre ce testament, parce qu’il dérange son système, qui a pour objet de prouver que maître Alain, le Docteur universel, n’est autre que l’évêque d’Auxerre, ou du moins qu’il n’est pas impossible que ce dernier ait vécu jusqu’à l’année 1203 (p. 1390.) Le testament original se conserve aux archives de Troyes (Migne, op. cit.) ; 4o Une vie de saint Bernard, qui est la seconde parmi celles que Mabillon a publiées à la suite de son édition des œuvres du saint docteur ; elle est divisée en trente et un chapitres ayant en tête une épître dédicatoire à Ponce, abbé de Clairvaux, dans laquelle l’auteur prend la qualité d’ancien évêque d’Auxerre : Frater Alanus, antissiodorensis ecclesiœ humilis quondam sacerdos. Ponce devint le cinquième abbé de Clairvaux, en 1165, et fut promu, cinq ans après, à l’évêché de Clermont[1]. C’est dans l’intervalle de ces cinq années qu’Alain composa cet ouvrage qu’il paraît avoir entrepris pour hâter la canonisation du grand docteur, son ancien maître, à laquelle on travaillait depuis longtemps, et qui ne reçut le titre de saint qu’en 1174. Sa vie se trouve dans le tome CLXXXV de la collection de Migne ; 5o Pez, dans son Thes. anecd., t. III, part. 3, p. 630, parle d’un homéliaire manuscrit, sous le nom d’Alain, abbé de Sainte-Marie. Il est possible qu’Alain, n’étant encore qu’abbé de Notre-Dame de Larivour, ait composé ces sermons ; mais ce n’est qu’une conjecture ; 6o Antoine Augustin soupçonne qu’Alain d’Auxerre est auteur de la collection des constitutions ou décrets qui se trouve à la suite du troisième concile de Latran, sous le pape Alexandre III, dans les éditions des conciles. Selon dom Brial, c’est un fait plus incertain encore que celui qui concerne l’homéliaire indiqué par Pez. Henriquez, dans le Menologium Cisierciense, place Alain d’Auxerre, sous le 14 octobre, parmi les vénérables de l’ordre de Cîteaux. Sanderus le nomme, sous la même date, dans son Hagiologium Flandriœ, p. 115, de même que Miræus, dans ses Fasti Belgici et Burgundici, p. 611.

P. F. X. de Ram.

De Visch, Bibliotheca Scriptorum ord. Cisterciensis, p. 15. — Foppens, Bibl. Belg., t. I, p. 36. — Dom Brial, Histoire littéraire de la France, t. XIV, p. 354.

ALAIN DE LILLE ou ALANUS DE INSULIS, théologien, philosophe, naturaliste, poëte, historien, occupe l’une des premières places parmi les écrivains les plus féconds de la fin du xiie siècle. Il a laissé après lui une si grande réputation de savoir, qu’il a été surnommé le Docteur universel, et souvent aussi Alain le Grand, Alanus Magnus. Malgré cette célébrité, son histoire est peu connue. Les biographes se sont contredits sur le lieu de sa naissance et sur l’année de sa mort ; on ne sait presque rien des actions de sa vie ni des emplois qu’il a exercés. À défaut de renseignements positifs, on a inventé des fables souvent absurdes, comme si, pour vanter un homme extraordinaire, il fallait nécessairement recourir au merveilleux. Dom Brial, sur les traces duquel nous aimons à marcher dans cette notice, a détruit avec un véritable esprit de critique les erreurs et les impertinences qu’on a débitées sur le compte de maître Alain de Lille, et, dans l’histoire de sa

  1. Voyez Gallia Christ. nov., t. IV, p. 801. — De Visch, dans sa Bibliotheca Scriptorum ord. Cisterciensis, p. 12, se trompe en disant avec Henriquez qu’Alain dédia la Vie de saint Bernard au bienheureux Pierre le Borgne (Monoculus), qui devint le huitième abbé de Clairvaux, en 1179, et mourut en 1186.