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lippe II, à la sollicitation du commandeur de Castille, et rentra encore une fois dans sa ville natale.

Mais il lui fut impossible de rester en repos. Emporté par le mouvement d’indépendance qui agitait les esprits à cette époque mémorable, Agylæus, secondant les desseins du prince d’Orange, chercha à remettre Bois-le-Duc aux états généraux. Après bien des vicissitudes, il parvint à y faire recevoir l’union d’Utrecht, en 1579. Mais peu après, Bois-le-Duc prêta l’oreille aux propositions du prince de Parme et fit retour à Philippe II. Pour la troisième fois, et ce fut la dernière, Agylæus quitta la ville et se retira à Leide pour y soigner l’éducation de ses enfants.

En 1585, on le retrouve à Utrecht, où il intrigue en faveur de Robert Dudley, comte de Leicester. Député de la bourgeoisie de cette ville, Agylæus prit la parole devant les états généraux pour demander la réception de cet étranger en qualité de gouverneur général des Provinces-Unies ; et quand Dudley fut installé dans ses fonctions, Agylæus devint l’un de ses plus ardents partisans.

En récompense de ses services, il fut nommé conseiller et procureur général de la cour d’Utrecht. Agylæus ne conserva pas ces fonctions pendant longtemps. Leicester quitta le pays en 1587, et, deux ans après, en 1589, son protégé fut destitué par la faction réactionnaire et remplacé par Pierre van Leeuw.

Agylæus se retira en Angleterre et y mourut en 1595, laissant six enfants, trois garçons et trois filles. Tel fut le personnage politique. Après quelques hésitations, il se jeta à corps perdu dans cette lutte héroïque qu’un petit peuple soutint pour la liberté contre la puissance de Philippe II. Comme tant d’autres, il y sacrifia son repos et sa fortune, et comme tant d’autres aussi, hélas ! il ne trouva qu’ingratitude pour prix de tout son dévouement. Deux fois il s’adressa aux états généraux pour obtenir un subside de 3,000 florins, à l’effet de l’aider dans l’impression d’un recueil complet des Novelles de Justinien, traduites par lui, et deux fois sa demande fut rejetée.

Une vie si agitée ne paraît pas devoir laisser de place à la science ; cependant Agylæus comptera parmi les jurisconsultes remarquables de cette époque, pour ses publications sur le droit romain. Ses travaux eurent principalement pour objet des traductions en latin des textes grecs. On a de lui :

1o Novellœ Justiniani imperatoris constitutiones a Gregorio Haloandro e grœco versœ et editœ. Norimbergœ, 1531, nunc vero revisœ et emendatœ, adjecta lectionum varietate. Parisiis, 1560 ; in-8o.

Agylæus ne fut pas le premier qui donna une traduction de ces Novelles ; il en existait deux autres, l’une contemporaine de Justinien et connue sous le nom de Vulgate, l’autre publiée en 1531 par Haloander. Mais la traduction d’Agylæus est beaucoup plus élégante et plus pure que les précédentes.

Il fut le premier traducteur des treize édits de Justinien et des constitutions de ses successeurs. Cette traduction est intitulée :

2o Justiniani edicta : Justini, Tiberii, Leonis philosophi constitutiones et Zenonis una. Parisiis, H. Stephanus, 1560 ; in-8o.

L’ouvrage capital d’Agylæus, reproduit plusieurs fois, fut publié sous le titre :

3o Photii patriarchœ const. nomo canonus, sive ex legibus et canonibus compositum opus cum commentariis Theodori Balsamonis, interprete H. Agylœo. Cologne, 1560 ; in-8o. 2e édition, Paris, 1560 ; in-4o ; 3e édition, Basileæ, typis Oporini, 1561 ; in-folio.

Cette traduction d’Agylæus fut reproduite en entier à la suite du texte grec, publié, en 1615, à Paris, chez Abraham Pacard, par Christophe Justel. Enfin, Henri Justel le comprit dans sa Bibliothèque du droit romain qu’il publia en 1661.

Agylæus est encore auteur d’un ouvrage de droit politique, publié après sa mort par son fils Jean et dédié par celui-ci aux états généraux.

4o Inauguratio Philippi II, regis Hispaniarum, qua se juramento ducatus Brabantiœ et ab eo dependentibus provinciis obligavit, cum substitutione ducissœ Mariœ gubernatricis, authore Henrico Agylœo,