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elle, on vient à préférer la consolation au bonheur perdu. Les plaisirs intellectuels sont si séduisants quand pour les premières fois l’imagination bat des ailes dans les espaces de l’idéal, et il semble qu’elle atteindra si vite le but où elle tend ! On est si facilement content de soi à cet âge î on est lecteur si indulgent de ses premiers essais, audi¬ teur si bienveillant des premières histoires qu’on se ra¬ conte ; nos vingtièmes années ont tant de rires et de larmes au service des fictions ! Puis enfin, en regardant de près son œuvre, on commence à en comprendre la gravité ; on commence à songer qu’on sera lu, et avec cette idée se révèlent des obligations envers soi et envers le monde : on se doit à soi-même de ne rien produire que de bien, on doit aux autres de ne rien produire que d’utile ; on commence à penser pour écrire ; la plume s’applique et se forme ; on est moins content de soi et on fait mieux.

Mme Daminois a parcouru ces diverses phases de la vie littéraire.

Elle se maria à Soissons à M. Daminois, et devint mère dans ses premières années d’union. Bien jeune encore, des circonstances malheureuses la séparèrent de sa fa¬ mille, pour la jeter dans une solitude complète à Paris, au milieu d’une existence vide et mélancolique. Alors, pour se soustraire à la tristesse des souvenirs et à l’iso¬ lement du présent, elle se livra à des études sérieuses, dont son père, magistrat honoré et distingué, et l’objet de sa tendre vénération, avait aimé à l’occuper dès sa première enfance. Puis des compositions littéraires vin¬ rent remplir son imagination. A dater de l’année 1819, elle fit paraître successivement Léontine de JVerteling, Maria, Alfred et Zcüda, Mareska et Oscar, ouvrages favorablement accueillis du public. Le caractère de M me Daminois étant essentiellement moral et philanthro¬ pique, ses compositions renfermenttoujours un but pro-