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S’éloigne du boudoir, vers le soleil couchant.

Dieu! quel bruit dans Paris!» le tambour bat au champ ;

Il passe à tout moment des bataillons en armes ;

Les logis sont fermés, comme voilés d’alarmes.—

Il s’arme, il court, guidé par un cri tout-puissant,

Par un étendard rouge et des traces de sang.

Au cloître Saint-Méry. —Dans ces sombres demeures

De la nuit du cinq juin il voit passer les heures.

Plus de’femme pour lui, plu» d’amour dans ce lieu !

Ah! son ame est passée aux mains d’un autre dieu.

Il croit entendre, il voit, aux éclats de la foudre.

Sur les mille débris du passé mis en poudre.

Le dieu de l’Avenir jeter du ciel ses lois,

La Liberté s’asseoir sur le’trone des rois…..


Le lendemain, à l’heure ou le soleil éclaire
De ses premiers rayons la ville funéraire.

Au pied du mont Louis on voit, sous les rameaux
De ces sombres cyprès, alcuve des tombeaux.
Cette masse de terre, humide encor, qu’exhausse
Un cercueil fraîchement déposé dans la fosse.

Là reposent, hélas! l’un sur l’autre jeté,

Une épée, un drapeau : —Valeur! — fatalité !

Là se penche une femme aux traits déjà livides,
Qui de son ’sein meurtri, de ses lèvres avides,
Étreint avec amour la tombe fraîche encor.

Puis est jetée aussi, comme un dernier trésor.
Une rose, penchant la tète sur sa branche
Et tombant feuille à feuille.

Hélas ! la rose blanche,
Resplendissante un jour, morte le lendemain,

A vécu plus longtemps que le bonheur humain.


Fût-il seul, ce morceau, si bien pensé (sauf une insi¬ nuation qu’il eût autant valu omettre), si bien exprimé, si attachant, si gracieux, deviendrait un titre littéraire digne d’attention. Dans les Toileries se rencontrent quel¬ ques vers faciles à isoler, et que dès lors on transcrit ici de préférence :