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moment suprême avec un calme stoïque et une résignation que lui inspirait seule la religion, dont les consolations et les secours lui étaient offerts par l’organe de l’un des ecclésiastiques les plus éclairés de Montpellier, M. l’abbé Guibaud.

« En sortant de la vie, sa peine était de quitter un époux qui possédait ses plus tendres affections. Personne ne fut plus initiée au secret de tout ce que contient de sublime le culte de l’amitié. »

Elle laisse deux ouvrages bien écrits et remplis d’intérêt : l’Homme Noir, ou les Malheurs de Pulchérie. Ce roman est remarquable par l’élégance du style, la vérité des portraits tracés avec grâce ou avec force, des descriptions charmantes, beaucoup de délicatesse dans les pensées, connaissance vraie du cœur humain ; l’auteur s’élève quelquefois jusqu’au plus sublime de la morale religieuse.

Nous citerons de cet ouvrage des vers heureux sur Avignon, patrie de l’auteur :

Te voilà, doux pays, témoin de ma naissance !
Voilà tes champs, tes prés, tes ombrages épais,
Et ton fleuve si pur, et tes vallons si frais :
Mais, hélas ! qu’as-tu fait des jeux de mon enfance ?
M’as-tu gardé, dis-moi, mes plaisirs, ma gaîté.
Un cœur exempt de soins, ma joie et ma santé ?
Beaux lieux où je naquis, me rendrez-vous la vie ?
Est-il vrai qu’en effet le ciel de la patrie,
Qui dans leur fleur naissante a vu nos jeunes ans.
Cet air, ces eaux, ces fruits, nos premiers aliments.
Cette nature enfin, étrange sympathie !
Par des liens cachés, à la notre assortie,
Lorsque d’un mal cruel nous sentons la langueur.
Puisse ressusciter notre antique vigueur.
Réveiller ces esprits qui se meuvent à peine,
Faire d’un sang plus pur bouillonner chaque veine,
Et de la vie en nous ranimant les ressorts,
Rendre à l’esprit sa flamme et ses forces au corps ?