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bles, le droit de lever le voile de l’incognito et de se présenter avec confiance au public. Elle savait que, sans être connue de lui, il aimait son talent et lui rendait justice ; le soin extrême qu’elle avait apporté à la composition et au style de son dernier ouvrage rendaient donc bien légitime l’espoir qu’elle avait conçu qu’il apprécierait la droiture et la pureté de ses intentions.

Il y a sans doute pour une femme auteur, même lorsqu’elle obtient des succès, un grand charme attaché à l’incognito. Avoir de l’esprit quand on peut, mais sans y être obligée ; n’être ni le point de mire, ni le but des observations de certaines gens qui s’imaginent qu’une personne qui écrit doit parler, marcher et regarder autrement qu’une autre ; pouvoir entendre l’éloge de ses ouvrages sans alarmes pour la modestie, et les critiques sans trouble ou sans amertume, tels sont les avantages inappréciables qui résultent de l’incognito. Mais d’un autre côté n’est-ce pas un devoir d’y renoncer lorsqu’on défend la plus noble des causes ? Doit-on, quand on combat pour la religion et pour l’ordre moral, rester derrière un voile impénétrable comme ces écrivains qui rougissent de leurs œuvres et livrent au public de coupables pensées sans oser lui livrer leurs noms? En publiant l’Athée, M œc Sophie Pannier a cru que le temps était venu pour elle de se produire au grand jour, et elle n’a revendiqué ses premiers ouvrages que parce qu’elle a eu la conviction que ces essais, écrits sous l’influence des sentiments qui lui ont inspiré Y Athée, peu¬ vent ajouter quelque autorité aux principes développés dans ce dernier livre.

Il n’est personne un peu au courant de notre littérature, qui n’ait appris le succès de cette belle et noble composition, et qui, après la lecture, n’ait confirmé par son propre jugement celui des esprits éclairés. Mme Pan-