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sance et par raison, à devenir l’épouse d’un négociant.

À dix-huit ans, unie à un homme de vingt-cinq, d’un caractère aimable et bon, il semble que le sort de la jeune femme soit fixé à jamais, et que sa vie, ignorée, mais heureuse, va s’écouler sans éclat, mais aussi sans revers. Il n’en fut pas ainsi : les vicissitudes commerciales qui signalèrent le passage de l’empire à la restauration, minèrent les fondements de la fortune des deux époux. Mme Sophie Pannier ne voulut pas attendre le jour où l’honneur serait compromis ; elle engagea son mari à liquider ses affaires, et fit à cet acte de loyauté le sacrifice de sa dot et de l’héritage paternel.

La jeune femme trouva une consolation dans la réalisation des engagements de son mari ; elle se flattait d’ailleurs qu’à l’aide de quelques protections, il parviendrait à trouver un emploi ; et, dans cette pensée, elle regardait la vente de la maison comme un bonheur de commerce, et sa ruine comme un affranchissement intellectuel.

De longues et pénibles démarches n’aboutirent qu’à procurer à M. Pannier, en province, un emploi trop modique et trop précaire pour qu’il pût y établir sa famille. Ce fut alors que Mme Pannier résolut de demander à sa plume ce que le désastre de sa fortune lui avait retiré, et de pourvoir par le travail à ses besoins et à ceux de ses deux enfants.

Elle s’essaya dans la carrière littéraire par quelques articles publiés dans les journaux, et qui furent favorablement accueillis. Encouragée par ce premier succès, clic osa entreprendre de combattre dans un roman les odieuses inculpations par lesquelles des productions du même genre et la presse philosophique cherchaient à dénaturer le caractère des ministres de l’Évangile. Le succès du Prêtre, donné en 1820, justifia la hardiesse