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tence du frère et de la sœur. Les personnes qui ont été admises dans l’intimité de Mlle Bellart savent aussi que la tournure de son esprit et cette bonté parfaite qui la porte à être l’appui de tout ce qui en a besoin, l’attirent vers les jeunes personnes dont elle aime les impressions naïves et le langage ingénu. Sophie Tessier céda à l’attrait sympathique qui l’entraînait ; elle apporta dans une amitié si flatteuse pour elle tout l’abandon, toute la franchise de son âge. Une raison aimable et douce vint régler la vivacité de son imagination, et Mlle Bellart fut la première personne qui connut tout ce qu’il y avait d’enthousiasme sous la réserve extérieure que l’éducation avait donnée à sa jeune amie.

Mme Tessier avait permis à sa fille de lire les chefs-d’œuvre de la littérature française ; elle entra dans cette carrière avec une ardeur qui n’excluait pas la réflexion. Quel que fût le charme de la société d’un monde qu’elle ne connaissait pas encore, un volume de Corneille ou de Racine suffisait pour l’y arracher ; et, pour lui faire sacrifier les plaisirs de son âge, il n’était besoin que d’un ouvrage de Mme de Genlis, dont le talent vrai et sans artifice a toujours été pour elle l’objet d’un culte particulier.

Mais le cercle des ouvrages modernes que lui permettait la prudence de sa mère ayant été bientôt parcouru, elle relut, étudia, apprit par cœur Corneille, Racine, et même Delille, tant était vif son désir de savoir, tant était décidé son goût pour la littérature.

Nous insistons sur ces détails, parce qu’ils montrent l’influence de cette seconde éducation qui se compose des rapports sociaux et des lectures. C’est véritablement là que se décident les vocations, que se font les destinées.

Toutefois, rappelée à la vie positive par une demande de mariage, elle se résigna, par principe d’obéis-