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immobile, le flot qui suit tranquillement son cours pour ne s’élever, pour n’en sortir qu’au jour de la tempête. Il n’a pas la fougue impétueuse des torrents, il n’emporte rien dans sa furie ; mais il offre à la barque ou à l’esquif qui le sillonne un asile sur, une navigation certaine.

Ainsi grandiront les noms les plus modestes, les plus ignorés de nos jours, comme aujourd’hui sont grands Malfilàtre et Gilbert, Milton et Pope, Tasse et Camoëns ; ainsi brilleront pour l’avenir ces noms, dédaigneux du présent et que le présent méprise ou laisse obscurs.

Vous donc qui travaillez pour cet avenir consolant, pour cet avenir vengeur, vous qui n’avez rien du pré¬ sent ni dans le cœur, ni dans la pensée, dont l’âme est en dehors du siècle, en deçà ou au delà de l’époque, dont l’esprit s’élance involontairement soit en arrière de ce qui est, soit au-devant de ce qui n’est plus ou de ce qui n’est pas encore ; écrivains de conscience et de pres¬ sentiment, poètes d’instinct, poètes d’inspiration, per¬ sévérez ! plus vous fûtes méprisés, plus vous avez été grands ; plus vous êtes oubliés, méconnus, plus la mémoire des hommes vous attend, vous suivra dans l’avenir!

Et c’est à vous surtout que l’avenir appartient, à vous, femmes, qui n’avez de consolations du présent que dans le souvenir du passé, de dédommagement des douleurs actuelles que dans l’espérance d’un bonheur futur ! A vous dont l’âme est toute la vie, comme elle est aussi tout le talent ; à vous qui n’avez dans le cœur qu’une seule corde, et bien douloureusement retentis¬ sante, une corde unique et trop sonore, celle de la souffrance !

Oh ! oui, c’est toujours celle d’entre vous qui a le plus souffert qui a toujours le mieux écrit ; celle d’entre vous qui a pleuré le plus souvent, qi*à, par un bien triste