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belle majesté. Ami de ma dernière jeunesse, tu sais tout maintenant ; tu m’as précédée dans cet abîme de l’inconnu qui tant de fois nous avait laissés pâles et sans voix, où tant de fois s’était perdue notre pensée avide. Le premier qui serait parti devait dissiper l’incertitude de l’autre, je ne t’ai pas revu… Habitant de la terre, ta promesse était sacrée. N’as-tu rien retenu d’ici-bas? As-tu laissé à cette terre tout ce qu’elle t’avait donné, le souvenir aussi ? »… Ou bien n’as-tu pu revenir?… Qu’est-ce donc que ce lieu où ne pénètrent ni les angoisses, ni les cris de ce monde ?… Qu’est-ce que ces êtres éternellement absorbés dans leur gloire heureuse ?… Viens me dire bas, bien bas, à l’heure des pensées austères, si ton voyage a été le voyage que chante le poëte sans soleil et sans lune, ce qu’est ta vie, chère âme.

Depuis ton éloignement, ami, ta place est restée vide et sombre dans mon cœur. Qui te remplacerait, mon Dieu? Tu croyais en moi, je croyais en toi ; nous nous étions un mutuel appui. Nos âmes avaient passé tout entières l’une dans l’autre. Tu savais au besoin me faire entendre une parole sévère, me consoler et reposer mon cœur dans ta généreuse et tendre sympathie. La vie s’était-elle donc faite bien désolée pour toi, que tu l’as quittée si vite ?… À vingt-trois ans !…. je n’ai presque rien su. On me dit que tu n’étais plus ; que ta mère, la mienne, était malade de fatigue et de chagrin, voilà tout. Et je ne pus courir vers cette mère!… Paul, ai-je reçu dé toi le baiser sacré de la mort ? M’aimes-tu encore ? Où es-tu ?… Pourquoi dans mes rêves m’apparais-tu constamment malade et triste ?… Une autre destinée terrestre cause-t-elle ta pâleur ?… Recommences-tu à craindre, à espérer ? La perpétuité des angoisses est-elle en effet la destinée de l’homme ? Viens me le dire.

Tu vivais quand je quittai Lyon. Les épreuves trop