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ses douleurs les plus intimes, et jusqu’à ses faiblesses et ses mauvais penchants, et qui se met pour ainsi dire à nu devant nous ? De deux choses l’une : ou les femmes auteurs nous initieront à tous les mystères de leurs idées, de leurs désirs, de leurs regrets, de leurs émotions, et quelquefois nous diront tout haut ce que d’autres osent à peine s’avouer tout bas ; et alors si l’art triomphe, la convenance (la suprême loi des femmes) ne sera-t-elle point blessée? Ou bien elles mentiront, elles arrangeront du moins la vérité, et se farderont le cœur comme des coquettes le visage, pour paraître devant le monde ; et alors que-devient la réalité, la grandeur, la beauté de l’art ? Les femmes auteurs, — c’est toujours le préjugé qui parle, — sortiront difficilement de ce dilemme en douze syllabes :

Elles s’ôtent un voile ou se mettent un masque,

ce qui n’est pas bien, ou ce qui est bien dommage.

Quelques simples paroles suffisent à renverser tout cet échafaudage pédantesque d’arguties spécieuses : oui, les femmes, — celles vraiment dignes de ce nom,— peuvent dans leurs ouvrages se montrer ce qu’elles sont, sans avoir à rougir ni à mettre du rouge. N’est-il point d’âmes pures comme il est des cœurs vicieux? Et les confidences d’un ange ne seraient-elles pas un suave contre-poison à toutes les confessions des réprouvés ? C’est là le rôle des femmes dans la littérature et la poésie. C’est à elles de nous reposer et de nous consoler par leurs chastes et tendres compositions de tant d’œuvres monstrueuses nées sous la plumé des hommes. C’est à elles’ de choisir des sujets et des couleurs qui nous intéressent et nous charment sans inconvénients pour elles. N’y a-t-il point des aspects du cœur humain, des scènes de la vie qu’elles peuvent étudier et retracer