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je gardais l’écharpe et l’éventail de ma sœur, m’asseyant gravement avec les douairières, et qu’ayant l’insigne honneur d’être l’aînée de ma famille, je me suis mêlée seule des affaires d’intérêt. C’est ainsi que souvent les circonstances font les réputations.

Voilà que Les Cent et un parurent. Il me vînt un indi¬ cible désir de placer un article : cet article était tout fait dans ma tête ; vingt fois je l’avais dit, brin à brin, en causant avec des hommes de bon sens, qui avouaient comme moi qu’un des malheurs de notre époque c’est le sort réservé aux jeunes personnes sans fortune. Pau¬ vres filles! sans nul doute la partie la pius intéressante, la plus capable des femmes de l’époque. Je n’eus qu’à écrire d’un trait de plume ce que je sentais si bien. Mon article fut accepté, inséré ; et il remuait trop d’émo¬ tions, il était trop d’après nature pour n’étre pas senti des parties intéressées : le corps des sous-maîtresses me fit voter des remercîments par notre célèbre professeur Lévi. Le jury de l’instruction publique me complimenta. C’est tout ce que j’ai connu des douceurs de la publicité ; et le contentement que j’éprouvai ne venait pas de l’a¬ mour-propre, mon article m’avait trop peu coûté pour que je m’en glorifiasse ; mais j’étais heureuse d’avoir causé quelque joie à de pauvres femmes qui en ont si peu. Les Deux Ménages parisiens parurent dans le neu¬ vième volume des Cent et un ; et franchement j’espérais que mes gémissements, mes remarques apporteraient au moins un léger changement au sort des jeunes personnes sans fortune : vain espoir, je ne les ai pas mises plus à la mode qu’auparavant. LePaysandes environs de Paris parut dans le treizième volume. Je crus encore une fois que la chance de fortune arriverait ; je me mis à travailler à un ouvrage que j’avais depuis longtemps ébauché. Vous l’ap pellerez roman si vous voulez, parce qu’il y a une mise