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privai encore d’un moyen d’écouler quelques-uns de ces exemplaires en les vendant à mes amis ; car je ne parlai à personne de mon œuvre, qui parut sous le titre de Ninka, par M me C. Et le libraire soldé ne s’occupa guère de la pauvre Ninka ; elle demeura dans son magasin, sauf une cinquantaine d’exemplaires vendus, autant donnés aux journalistes, les méchants 1 qui ne daignèrent même pas dire de mal de. mon Indienne ; car c’était une Indienne Ninka. Bref, mon début littéraire me coûta 400 fr. ; et pourtant il fallut que le sujet fût bon ; M. de Balzac l’a traité avec les mêmes détails, et on l’a loué, applaudi ;*de sorte que je me suis réjouie de sa gloire.

Vous sentez que je fus découragée ; il fallait renoncer à cette chance d’ajouter quelques cents francs à d’autres économies, le tout pour me reposer dans ma vieillesse, si toutefois j’ai une vieillesse ; car ma triste santé devrait m’ôter l’idée de songer à l’avenir ; mais le proverbe : «Dans le doute, abstiens-toi,» peut être retourné par : «Dans le*doute, marche toujours. » A cela étant, il faut s’échafàudër un avenir quand on a le malheur de ne pas l’avoir tout bâti.

Je renonçai au public, écrivant seulement pour mon agrément particulier.

Ma’ position devait encore changer : je perdis ma mère, mon père la suivit de près ; je me trouvai à moins de vingt-cinq ans maîtresse de maison, chargée de ser- vir de mentor à une fort jeune et fort jolie sœur, et à des frères encore écoliers. Je devins réfléchie ; en gar¬ dant quelque peu de mon ancienne gaieté, je perdis tous mes goûts frivoles et légers : ce changement vint tout naturellement ; on en flt honneur à ma raison. Si le hasard vous fait rencontrer de mes amis, ils vous diront que je suis une personne de mérite ; et cela parce que j’ai quitté jeune la danse qui m’ennuyait, que dans les bals