Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/335

Cette page n’a pas encore été corrigée

assez pour aider une novice. Et puis tu trouveras des secours à Béthune, il y a partout des personnes charitables dévouées aux bonnes œuvres ; le tout est de les trouver, et dès qu’on les cherche, on les trouve. » ( Lettre écrite le 21 janvier 1832. )

Par son caractère et sa situation, Mme Guizot devait prendre un vif intérêt aux affaires publiques, mais non cet intérêt étroit et personnel que les femmes unies à un homme politique y apportent trop souvent. Passionnément attachée à son mari, elle voyait ses succès avec bonheur, et ses revers avec calme. Elle partageait ses opinions ; elle avait foi à son caractère et à ses talents ; mais elle ne criait pas « Tout est bien ! » quand il entrait au ministère, ni « Tout est mal ! » quand il en sortait ; elle s’associait à sa situation, quelle qu’elle fût, avec une confiance paisible, et priait surtout la Providence d’écarter de la France les maux qui auraient pu le rendre nécessaire, a Que Dieu, disait-elle, donne un peu de tranquillité au pays ; qu’il écarte de nous les dangers dont la terreur m’a fait passer tant de nuits sans sommeil ; que je n’aie rien à redouter pour l’être chéri auquel ma vie est suspendue, et nulle créature ne devra plus d’actions de grâces au souverain dispensateur de tout bien. »

Le fléau qui désola la France en 1832 la trouva à son poste, prête à se dévouer, comme elle l’était toujours. « Nos projets d’été sont plus incertains que jamais ; nous ne quitterons pas Paris tant que le choléra y régnera. Nous ne voudrions ni emmener, ni laisser nos écoliers. D’ailleurs, nous trouvons mal d’abandonner le peuple à ce fléau, dont il souffre presque seul ; car, jusqu’ici, la maladie s’est concentrée dans les classes pauvres, et ce n’est pas un des moindres sujets d’émotions populaires. »