Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/332

Cette page n’a pas encore été corrigée

rapide, elle se hâtait d’en employer tous les moments et d’en marquer utilement tous les pas. Plus elle était heu¬ reuse, plus le malheur des autres touchait profondément son âme. Elle croyait avoir contracté une dette envers eux ; elle exprima ses idées à ce sujet dans un morceau intitulé : De la charité et de sa place dans la vie des femmes, aussi remarquable par les pensées que par le style. Elle invite les femmes à ramener parmi les hom¬ mes, par l’exercice d’une charité zélée, persévérante et bien entendue, l’esprit de concorde et de paix, à servir de lien entre les classes diverses de la société, en faisant disparaître autant qu’il est en elles tout ce que l’inégalité a de sec et d’amer : « Mettons-nous à l’oeuvre avec cou- « rage, leur crie-t-elle, voici des jours favorables, voici a des jours de salut. Notre belle France en paix appelle (v toutes les améliorations ; les esprits sont en mouvement, u les cœurs animés : jamais circonstances n’ont été plus « favorables. Uu moment viendra peut-être où nous rc- « gretterons profondément de n’en avoir pas profité ; et « s’il ne venait pas pour notre pays, il viendrait sûrement , « pour chacune de nous. Quand les temps ne seraient pas « mauvais, leè jours sont courts ; nous marchons avecrapi- « dité vers le lieu doit Von ne revient pas ; travaillonspen- « dant (fit il fait jour. Avons-nous le cœur triste ou trop «peu occupé? Le travail de la charité est la plus sûre « consolation dans les épreuves de la vie, le plus doux «passe-temps au milieu de scs langueurs ; et si une dos- « tinée heureuse nous est réservée en ce monde, pouvons- «nous jamais faire assez pour ceux qui soupirent en vain « après le bonheur ? p

Loin que sa nouvelle situation l’eût forcée de renon¬ cer à ses études, Mme Eliza Guizot trouva plus d’occa¬ sions de s’y livrer ; elle mettait son zèle et sa science au service des travaux de son mari, qu’elle aidait dans ses