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l’Église réformée à laquelle appartient son mari, et dont les cérémonies funèbres ne contrarient pas cette croyance simple qu’elle avait. Personne de vérité jusqu’au bout, elle ne voulut mêler, même aux devoirs qui suivent la mort, rien de factice et de convenu, rien que de con¬ forme à l’intime pensée.

Elle avait un goût vif pour la conversation ; elle l’ai¬ mait, non pour y briller, mais par mouvement et exer¬ cice d’intelligence. On l’y pouvait trouver un peu rude d’abord ; sa raison inquisitive, comme elle dit quelque part, cherchait le fond des sujets. Mais l’intérêt y ga¬ gnait, les idées naissaient en abondance, et, sans y viser, elle exerçait grande action autour d’elle. Que dire en¬ core, quand on n’a pas eu l’honneur de la connaître personnellement, de cette femme d’intelligence, de sa¬ gacité, de mérite profond et de vertu, qui, entre les femmes du temps, n’a eu que M“* c de Staël supérieure à elle, supérieure, non par la pensée, mais seulement par quelques dons ? Le sentiment qu’elle inspire est tel que les termes d’estime et de respect peuvent seuls le ren¬ dre, et que c’est presque un manquement envers elle, toujours occupée d’être et si peu de paraître, que de venir prononcera son sujet les mots d’avenir et de gloire.


Sainte-Beuve.