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cure, selon la méthode des esprits violents ou paradoxaux voués aux thèses absolues, qu’il y avait nécessité d’être athée pour quiconque n’était pas chrétien et catholique. Mlle de Meulan, sous le masque du Disputeur, releva le raisonnement opiniâtre avec un persiflage amer et sensé : « Il faut bien se disputer, monsieur, sans cela la vie a beau être courte, elle serait en vérité trop longue… C’est un trésor pour moi que votre raisonnement contre le déisme… Quoi! monsieur, la vérité nécessairement dans l’un ou l’autre extrême ! et cela parce qu’une même proposition ne peut être plus ou moins vraie ! etc. » Un défenseur officieux de M. de Bonald intervint pendant la querelle, et, dans des lettres adressées au Publiciste, essaya de pallier le paradoxe de son ami, et aussi d’inculper le ton de raillerie dont avait usé le Disputeur. C’est alors que celui-ci répondit au tout par une dernière et vigoureuse lettre qui s’élève à des accents éloquents. Après avoir cité ce mot d’un ancien, que toute pensée qui ne peut supporter l’épreuve de la plaisanterie est au moins suspecte, après avoir rappelé Pascal sur la Grâce, Boileau sur l’Amour de Dieu, et M. de La Harpe lui-même plaisantant les Théophilanthropes, Mlle de Meulan renvoie à ses adversaires le reproche du danger qu’ils croyaient voir pour les idées religieuses en ces prises à partie trop vives : « Vous traitez dans les journaux ce que vous ne voulez pas qu’on traite à la manière des journaux !… Vous y parlez de la religion ! Qui ne peut en parler comme vous ?… Un homme pourra être l’opprobre de la littérature et se constituer le soutien de la religion ; et les amis de la religion applaudiront ; et il semblera que, trop heureuse qu’on lui trouve des défenseurs, on l’abandonne aux mains qui daignent la servir… Non, monsieur, vous réserverez à des discussions, qui ne sont pas faites pour la multitude, des asiles