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avait l’imagination inventive ; ses pensées, loin de rester à l’état de maxime, entraient volontiers en jeu et en conversation dans son esprit. Elle savait faire vivre et agir sous quelques aspects des caractères qui n’étaient pas de simples copies. Elle ne goûtait rien tant que ce don créateur là où il éclate dans sa merveilleuse plénitude. Molière, Shakspeare et Walter Scott étaient ses trois grandes admirations littéraires, les seules où il entrât de l’affection.

M. Suard avait fondé le Publiciste vers 1801. Ce que M. Guizot a si bien dit 1 sur le salon et la société de cet académicien distingué, se peut appliquer tout à fait à la feuille qui exprimait les opinions de son monde avec modération, urbanité, et d’un ton de liberté honnête. La

Le du dix-huitième siècle, éclairée ou intimidée par la révolution, a dit M. de Rémusat, formait l’esprit de ce recueil. La Décade, qui allait tout à l’heure devenir impossible, représentait cette philosophie dans ce qui lui restait d’ardeur non découragée et de prosélytisme, dans son ensemble systématique et ses doctrines générales, et embrassait à la fois la politique, la religion, l’idéologie, la littérature. Le Journal des Débats relevait sur tous les points la bannière opposée. M. Suard, l’abbé Morellet et leurs amis, qui étaient des partisans du dix- huitième siècle et non de la révolution, qui s’arrêtaient volontiers à d’Alembert sans passer à Condorcet, et demeuraient pratiquement fidèles à leurs habitudes d’esprit et à leurs goûts fins d’autrefois, ne se trouvaient pas réellement représentés par la Décade, et se trouvaient chaque matin soulevés et indignés autant qu’ils pouvaient l’être, par les diatribes et les palinodies du Journal des Débats ou du Mercure. Mlle de Meulan, intro-