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faux, et le renvoyait aux couturières, marchandes de mode, garçons perruquiers et clercs de procureurs d’a¬ vant la révolution, pour lesquels il avait été fait sans doute. Mme Roland, qui trouvait ce roman joli, et qui précisément y cherchait avec un secret plaisir les mœurs d’une classe qu’elle détestait, serait devenue pourpre si elle avait lu le feuilleton de M Uc de Meulan, et aurait du coup été guérie.

Un endroit des Contradictions montre bien à quel point la pensée de M,,c de Meulan allait d’elle seule, et se for¬ mait en toutes choses ses propres jugements. C’est lors¬ que Pierre, encouragé par le médiocre enthousiasme de son maître devant la colonnade du Louvre, lui dit: « C’est beau sûrement ; mais, avec la permission de Mon¬ te sieur, on le trouve surtout ainsi parce qu’il faut venir «de loin. Car, pour moi, j’aime beaucoup mieux notre « église qui a différents dessins et des figures dans des «niches, que ces colonnes toutes semblables et qui ne «signifient rien.» Cette opinion sur le gothique, énoncée en l’an VII par la bouche de Pierre, a-t-elie d’autre por¬ tée que celle d’une boutade piquante? je ne l’oserai dire. Mais je retrouve plus tard M Uc de Meulan qui arrive à des opinions également neuves et justes en matière de poésie, par suite de cette même indépendance et droi¬ ture de raison. Dans deux feuilletons de novembre i 808, sur l’Usage des Expressions communes en Poésie, le criti¬ que partant d’un vers de Baudouin, où M. Lemercier avait mis chevaux au lieu de coursiers, essaie de déterminer lea conditions selon lesquelles on peut introduire en vers les expressions communes. Dans un autre feuilleton de mars 1809, sur le Christophe Colomb de ce même au¬ teur aujourd’hui si arrêté, si négatif, et qui était alors en veine de v .susciter toutes les questions nouvelles, le critique discute encore le mélange du comique et du