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préaux débutait par une satire sur les embarras de Paris. On relèverait aisément dans les Contradictions, qu’on pourrait aussi bien intituler les Contrariétés, un certain nombre de jolies remarques sur les gens qui font les né¬ cessaires, sur les personnes dénigrantes. Voici un trait bien fin sur les évasions qu’on se fait à soi-même dans les cas difficiles : «Je ne sais, dit le héros du roman, si « tout le monde est comme moi, mais quand je me suis «longtemps occupé d’un projet qui m’intéresse beau¬ coup, quand la difficulté que je trouve à en tirer parti « m’a contraint à le retourner en différents sens, je me « refroidis et n’attache plus aucun prix à la chose à laquelle «l’instant d’auparavant je croyais n’en pouvoir trop met- « tre. » Et ailleurs : « Comme il arrive toujours lorsqu’on «est occupé d’un projet, si peu important qu’il puisse «être, j’oubliai pour un instant tous mes chagrins.» Que dirait de mieux un ironique de quarante-cinq ans, retiré du monde ? Ce qu’on appelle rêverie et mélancolie ne s’entrevoit nulle part ; mais il y a un touchant chapitre de rÉca de six francs qui rappelle tout à fait un cha¬ pitre à la Sterne écrit par M llc de Lespinasse. Henriette, qui finit par remplacer Charlotte dans le cœur du héros, petite personne de vingt-quatre ans, assez grasse et très fraîche, a du charme ; la fragile Charlotte est drôle, et non pas sans agrément. Ce héros qui a si peu de passion, légèrement bizarre comme un original de La Bruyère, et qui rêve une nuit si plaisamment qu’il va en épouser quatre, devient tendre à la fin quand il éclate en pleurs aux pieds d’Henriette t . Le style est bon, court, net, clair.


1 Guizot aimait à raconter que quand, jeune fille, elle essaya ce premier roman, elle s’étudia, pour qu’il réussit, à imiter certains traits de l’esprit du temps, quelques-uns même dont son innocence parfaite soupçonnait au plus la valeur. Elle les ajoutait à mesure qu’ils lui venaient à IVsprit, et sans scrupule, en se disant : c’tstpour ma mère / — • Si j’avais