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lûmes recueillis sous le titre de Conseils de Morale la montrent pourtant sous ce jour, mais pas aussi à l’ori¬ gine, pas aussi nativement, si je puis dire, qu’une étude attentive de son talent nous l’a appris à connaître. Ses brillants débuts de moraliste sc rattachent surtout à une partie de sa vie qui confine au XVUI C siècle, et qu’on a moins relevée que ses derniers travaux.

M l,c Pauline de Meulan, née en 1773, à Paris, fut éle¬ vée au sein des idées et des habitudes du monde distin¬ gué d’alors. Son père, M. de Meulan, receveur général de la généralité de Paris, jouissait d’une grande fortune à laquelle il faisait honneur avec générosité et bon goût ; sa mère, demoiselle de Saint-Chamans, était de qua¬ lité et d’une ancienne famille noble du Périgord, qui eut même des représentants aux croisades. La société ordinaire qui fréquentait la maison de M. de Meulan ne différait pas de celle deM.Necker, deM.Turgot ; c’étaient MM. de Rulhière, de Condorcet, Champfort, De Vaines, Suard, etc. M. de Meulan avait pris pour secrétaire à gros appointements Collé, dont M l,e de Meulan, dans le Publiciste, jugea plus tard les Mémoires, et à qui elle reconnaissait, à travers la gaieté, beaucoup d’honneur et d’élévation d’âme. Fort aimée de sa mère, fort sé¬ rieuse, intelligente mais sans vivacité décidée, assez maladive, la jeune Pauline passa ses premières années dans ce monde dont elle recevait lentement une pro¬ fonde empreinte, pins tard si apparente ; c’était comme un fond ingénieux, régulier et vrai, qui se peignait à loisir en elle, et qu’elle devait toujours retrouver. Rien d’ailleurs, dans cette enfance et dans cette première jeunesse, de cet enthousiasme sensible dont M He Necker, de sept ans son aînée, donnait déjà d’éloquents témoi¬ gnages. «Je ne me rappelle qu’imparfaitement Werther, «que j’ai lu dans ma jeunesse,» écrit-elle après quelques