Mme ARAGON
(Anne-Alexandrine).
Parmi les femmes du grand siècle qui transmirent
leurs noms à la postérité, M™ Dacier se.fit remarquer
par un savoir profond, ’ par les traductions lés plus esti¬
mées des philosophes et des orateurs de’ l’antiquité.
Bientôt après, sous la plume gracieuse du même auteur,
Anacréon se montra dans ses odes avec tout son charme,
son ravissant abandon ; Homère enfin, sous le style cor¬
rect et nerveux de sa digne interprète, vit propager en
France Y Iliade et Y Odyssée,dontaucun des nombreux
traducteurs, quel que fût leur mérite, n’a.pu nous faire
oublier la stricte fidélité, l’admirable couleur, primitive
qui brillent chez’M“® Dacier ; et surtout ses notes sa¬
vantes et ses dissertations sur l’antiquité.
A côté de cette femme d’un mérite aussi rare’ qu’émi¬ nent, se montrait, douée d’un style enchanteur, irrésis¬ tible, M me de Sévigné, qui, n’imitant rien des anciens, ne suivait que l’instinct de la nature, et prenait toutes ses séductions dans son cœur. Mère tendre, femme aimable, amie vraie,’et peintre fidèle des mœurs de son