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ment ; nous avons des ennemis qui nous inquiètent bien doucement ; quand nous les attaquons, nous le faisons bien doucement ; nos soldats ne couchent pas bien doucement ; les vivres nous arrivent bien doucement ; je voudrais que l’ordonnateur ne vînt pas bien doucement ; quand nous discutons tous trois que nous sommes ici[1], ce n’est pas toujours bien doucement ; mais tout serait égal si je pouvais longtemps. »

Ici, je demanderai la permission de borner une citation qui finit d’une manière fort tendrement conjugale. Tel est toujours le style de sa correspondance : enjouée, de bon goût ; mais surtout vive, passionnée comme celle d’un amant, et féconde en expressions et en phrases toujours nouvelles pour peindre son amour pour sa bonne, sa belle, son adorée Laure et ses enfants. Après une bataille, après une blessure horrible à la tête, s’il lui reste un moment, une parole, c’est pour eux, c’est pour elle. Je ne puis cacher l’émotion religieuse que j’éprouve en feuilletant les lettres tracées par cette main qui lançait la foudre et qui serra celle de Napoléon.

Son mariage avec Junot fut une fête magnifique, et qui donna lieu à Bonaparte d’exercer sa libéralité toujours sage. Il fut le parrain de son premier enfant ; cet enfant, qui depuis consacra sa vie aux œuvres de la plus sublime charité, est Mme Junot, modèle de charme, de beauté et de grâce. De ce mariage encore sont issus trois autres enfants : Mme Constance Aubert, dont nous avons lu dans plusieurs recueils des morceaux empreints d’une exquise sensibilité ; Napoléon d’Abrantès, qui joint au cœur de son père les qualités littéraires de sa mère ; et Alfred d’Abrantès, jeune homme accompli, aujourd’hui lieutenant au corps royal d’état-major : digne héritage qui représente si bien le célèbre général qui n’est plus,

  1. Ney et Masséna.