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de mieux à faire que de laisser parler ici Fauteur des Mémoires.

« Ma mère, dit-elle, était grosse de moi : sa grossesse avait été des plus heureuses, et tout faisait présumer que celte couche, qui était la cinquième, aurait le plus heureux terme.

« Le 6 novembre, ma mère, après avoir soupe chez Mme de Moncan, femme du commandant en second de la province, rentre chez elle très bien portante ; elle avait bien soupé et était de la plus belle humeur : elle se couche {ilétait une heure ) ; à deux heures, elle était accouchée d’un grosse fille : elle s’endort dans le calme le plus com¬ plet. Le lendemain 7 novembre, à huit heures du matin, elle était entièrement perdue du côté droit et en partie du côté gauche. C’est en vain que la faculté de médecine de Montpellier, alors la ville de l’Europe la plus justement renommée pour la science, entoure son lit de douleur des soins les plus assidus ; on ne peut ni soulager son mal, ni même en deviner la cause. Pendant trois mois, ma pauvre mère est à l’agonie ; sa voix est éteinte à force de crier : enfin, elle est guérie.et par qui?… par quel moyen?… Parle plus simple de tous, et sa guéri¬ son n’en est que plus merveilleuse.’

« Un paysan qui apportait des fruits et des légumes à l’hôtel, entend un jour des cris déchirants ; il voit des femmes qui pleurent, une consternation générale:il s’informe, on lui dit l’état de ma pauvre mère. 11 de¬ mande à être conduit auprès de mon père. « Je ne veux aucune récompense, lui dit-il ; mais d’après ce que je sais de vos domestiques, je crois savoir ce qu’a votre femme ; et si vous le voulez, je la guéris en huit jours. »

« Mon père, qui commençait à perdre toute espérance, à qui les médecins n’avaient pas dissimulé le matin même que ma mère était dans le plus grand danger,