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Le premier ouvrage de Mlle de Savignac fut écrit pendant l’hiver de 1823. Sa mère était alors très souffrante. Elle lui prodigua tous ses soins, et ce fut en veillant près de son lit qu’elle composa un roman dont elle lui lisait les chapitres à mesure qu’ils étaient terminés, dans l’intention d’occuper un peu son imagination, de la distraire quelques instants de ses maux, et d’ajouter ainsi un adoucissement moral aux calmants physiques que l’art avait prescrits. Ce roman est : La Comtesse de Melcy, ou le Mariage de convenance. Mme Armande Roland, femme de lettres distinguée autant par son caractère sûr et aimable que par son esprit, et qui avait donné des encouragements à l’auteur novice, lui facilita encore la publication de cet ouvrage, en plaçant son nom justement célèbre à côté du nom inconnu d’Alida de Savignac ; mais dès que le succès du roman fut assuré, elle abdiqua publiquement sa part de gloire, pour la reporter en entier sur sa jeune amie. Nous n’avons pas besoin de faire ressortir tout ce qu’il y a de bonté et de courage dans cette action de Mme Roland : nous remarquerons seulement, à cette occasion, qu’en 1807, M. de Laveme avait donné une preuve d’amitié toute semblable, lorsque, pour procurer à la fille de Mme de Cérenville un prix plus avantageux d’une œuvre posthume de sa mère : la Vie du Comte de Potemkin, il consentit à lui prêter l’autorisation de son nom, et se fit plus tard un devoir d’avouer qu’il n’avait à cette publication de titre réel que celui d’éditeur.

Ce fut sur le frontispice de la Comtesse de Melcy que Mlle de Savignac usurpa, pour la première fois, le titre de dame, qu’elle a conservé depuis : suivant en cela l’avis de sa mère, qui, d’après l’état de nos mœurs, croyait que ce titre valait beaucoup mieux que celui de demoiselle, à la publicité de ses productions littéraires.