Mlle DE SAVIGNAC
Élevée par sa mère, qui n’eut d’autre but que d’en
faire une honnête femme, propre au ménage et au
monde, Mlle de Savignac vécut auprès d’elle de cette vie
simple et tranquille ; mais toujours occupée, mêlant aux
soins de la famille les travaux à l’aiguille et ceux de
l’esprit, se complaisant dans ses diverses affections,
faisant succéder une instruction solide aux délassements
et aux plaisirs de la société, cultivant à la fois les arts
d’agrément et les arts utiles, et voyant s’écouler rapidement
dans de douces jouissances, ces jours si précieux
de la jeunesse, qui pèsent tant aux âmes indifférentes
et aux esprits désœuvrés.
Mais bientôt de cruels chagrins vinrent l’assaillir. À peine avait-elle atteint sa quatorzième année lorsqu’elle perdit son père, officier distingué dans la marine royale. Des revers de fortune, qui suivirent presque immédiatement ce désastre, éloignèrent Mme et Mlle de Savignac de la société, sans cependant leur faire perdre la place qu’elles y occupaient, ni les séparer de leurs amis ; pres-