Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conduite à Paris ; elle avait vingt ans, point d’autre fortune que celle que donne la nature, c’est-à-dire une belle âme visible sur son gracieux visage : lui, jouissait d’une fortune modeste, mais suffisante et honorable ; sa jeunesse était finie ; veuf d’un premier mariage, il était père de deux enfants, un fils encore en bas âge et une fille qui touchait à cette époque de la vie où l’on a tant besoin d’une mère et d’une amie.

Il y avait dans cette position de M. Voïart des raisons pour et contre une seconde union : enfin, après avoir bien examiné et le caractère de la femme qu’il recherchait et ce qu’il devait à sa famille, il se présenta sans inquiétude pour époux à Mlle Élise Petit-Pain, assuré qu’il était que cette jeune personne ne traduisait pas au fond de son cœur le mot félicité par l’espoir de joies égoïstes. En effet, Élise possédait une de ces âmes d’élite pour lesquelles une vie douce et heureuse consiste dans l’accomplissement des devoirs, et jouir signifie donner du bonheur.

Mlle Petit-Pain accepta le sort qui lui était offert ; c’était pour elle Écouen embelli de tous les charmes d’une famille, et vraiment il n’est pas probable que dans les cinq cents filles adoptives de Napoléon elle eût trouvé une seconde Amable à instruire et à former. Le jour où Mme Voïart présenta à l’impératrice son mari et ses enfants d’adoption, elle lui offrit en même temps les premiers vers de la petite fille qui devait porter un jour si dignement le nom de Tastu. La souveraine accueillit gracieusement cette pièce, intitulée le Réséda, et remercia d’un aimable sourire celle qui, par une autre voie, devait marcher du même pas qu’elle à l’immortalité.

Le ciel avait fait Mlle Amable Voïart poète ; sa belle-mère se dit : C’est à moi de la rendre vertueuse et bonne. Amable est devenue généreuse, grande, héroïque ! Cette