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Soit que Mme d’Arconville fût imbue de ce principe T soit que naturellement elle ait senti le besoin d’élaborer longuement ses idées avant de les laisser échapper de sa plume, elle vécut jusqu’à trente-six ans sans livrer au public aucun des secrets de son âme. Ce n’est pas que jusque-là Mme d’Arconville ne sc fût jamais exercée î elle avait fait de nombreux essais dans le silence de son cabinet. Dès le début on put juger qu’elle était initiée aux magies de l’art d’écrire. Le premier ouvrage qu’elle publia en 1756 fut la traduction d’un livre anglais du marquis d’Gallifax, inti tulé Avis dan père à sa fille. Cette traduction eût fait honneur à l’écrivain le plus famé, par la richesse et l’élégance du style. M rac d’Arconville s’y montra en tout digne de son modèle.

Trois ans plus tard, en 1759, elle livrait à son pays une autre traduction. Cette fois, la femme modeste, le 1 ittérateur sans nom, nous révélait les mystères du labo¬ ratoire. On peut se convaincre en lisant cet ouvrage, que Mme d’Arconville était aussi habile chimiste qu’écri- vain distingué. Les Leçons de chimie de Shaw, livre rem¬ pli d’erreurs, devint, grâce à elle, un excellent traité. Non-seulement elle le perfectionna en le débarrassant de ses hérésies scientifiques, mais elle le compléta en y ajoutant une foule de découvertes nouvelles. Le discours dont elle a fait précéder sa traduction montre combien elle était versée dans ces sortes d’études. On ne saurait faire avec plus de savoir et de méthode l’histoire de l’origine et des progrès de la chimie.

Dans cette même année, elle donna une traduction du Traité d Ostéologie de Monro, sous le nom du docteur Sue, pseudonyme qu’elle emprunta pour sc dispenser de signer son propre nom. Ce traité, en 2 vol. in-fol., té¬ moigne de son extrême activité et de son habileté dans la langue anglaise, dont elle paraissait connaître toutes