W D’ARCONYILLE
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NÉE À PARIS EN 1720, MORTE LE 28 DÉCEMBRE 1805.
Que de fleurs éclosent et meurent inconnues ! Que de
noms emportent avec eux dans la tombe l’anonyme de
beaux talents ! (Jn pareil mépris de la gloire, de cette
gloire qui entoure le génie comme une auréole, ne s’ex¬
plique pas toujours chez l’homme. Il est chez la femme
moins mystérieux. Esclaves des préjugés et de l’éduca¬
tion, qui leur font une sorte d’habitude de vasselage, les
femmes, si elles essaient de sortir du rôle tout passif pour
lequel elles ont été élevées, c’est en rougissant d’oser pa¬
raître quelque chose. Honteuses presque d’avoir du talent,
on dirait qu’elles veulent se faire pardonner d’être sou¬
vent supérieures aux hommes, en n’avouant point leurs
succès. Entrent-elles en lice avec eux, c’est furtivement
ou en cachant leur sexe. Leur timidité ou leur abnéga¬
tion les fait assister à leurs propres triomphes en étran¬
gères. Aussi le cœur, l’esprit, les grâces de la femme
sont partout ; elle, n’est nulle part.
À nous donc de rompre ce silence homicide qui laisse tant d’illustrations sans statues ; à notre génération de