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Un avilissement que tu ne sauras feindre ;

Un talent tout à part et qui semble, ici-bas.

Le partage honteux de ceux qui n’en ont pas?

Tu veux être intrigant, misérable honnête homme !

Toi que, par tes vertus, partout, chacun renomme ;

Toi qui dix ans sans maître en un poste fameux t
N’as pas même grossi le bien de tes aïeux!

Tu veux être intrigant : sais-tu ce qu’est l’intrigue?

Sais-tu comme on parvient par la fraude ou la brigue?

Sais-tu combien de temps celui qui t’a frappé
A pour y réussir dans la fange rampé?

Sais-tu si, dévorant et l’insulte et l’outrage,

11 n’était pas atteint d’une secréte rage?

Et s’il jouit du prix auquel il a vendu

Son repos, son estime, et son honneur perdu?

Presque aussitôt parut l’Épitre sur l’esprit et l’aveuglement du siècle, que l’on regarde généralement comme l’un de ses meilleurs ouvrages. Ces vers sont restés dans la mémoire de ses nombreux lecteurs :

Tout commence et s’achève ;

Le temps du chêne altier vient altérer la sève ;

Le fruit mûri, tombé, n’offre à notre regard
Que le germe des fruits qui renaîtront plus tard.

L’homme même, des ans quand H subit l’outrage.

Voit dans ses fils grandis reparaître un autre âge.

Pourquoi les nations, les peuples, les états.

Dans ce cercle éternel ne tourneraient-ils pas?

En 1817, M me de Salin composa un Discours sur l’étude. Le sujet avait été proposé par l’Institut, qui accorda une mention particulière à cette oeuvre de goût. Quelque temps après, elle publia son Épitre aux souverains absolus. Ils ont sans doute fermé l’oreille aux con¬ seils du talent et de la raison ; mais le poëte n’en a pas moins acquis un double droit à l’estime publique. M“* de Salm, qui, jusqu’en 1814, avait paru se consa¬ crer presque entièrement à la poésie, déploya l’éloquence du prosateur dans l’ouvrage intitulé : Vingt-quatre heures